Quand la religion devient politique

Bien triste jour pour la démocratie dans laquelle la théocratie vient de faire une brèche («Témoigner à visage voilé: au cas par cas», La Presse, 21 décembre). Pourtant, il suffirait de dépoussiérer la Charte canadienne des droits et libertés pour remettre la religion à sa juste place: dans les sphères privées et publiques, en laissant la sphère étatique en dehors de tout impératif religieux. Pourquoi? Mais parce que la religion est avant tout une affaire d'intériorité. Lorsqu'elle a la prétention de s'étendre à la sphère étatique, c'est qu'elle n'est plus une religion, mais une politique. Les accommodements religieux dans la sphère étatique sont des privilèges.

Gisèle Filion, Montréal

Une autre concession

Encore une fois, au nom du multiculturalisme, le plus haut tribunal du pays vient de rendre une décision en faveur du port de signes religieux ostentatoires dans l'espace public. Et pas n'importe où: devant les tribunaux, alors que tout le langage non verbal devrait être admis et reconnu dans sa contribution à l'établissement de la vérité.

Quand donc en aura-t-on fini avec toutes ces concessions faites au nom de la bonne volonté et de l'ouverture à l'autre, mais en dépit du gros bon sens et de la volonté populaire?

Dans notre société qui tend de plus en plus à la laïcité, il faudrait dire un non catégorique au port du niqab.

Ma seule consolation en ce triste jour réside dans le fait que la décision rendue n'est pas unanime.

J'aspire au jour où le souvenir de notre histoire et de notre culture sera pris en compte face aux multiples demandes d'accommodement qui surgissent étant donné notre statut de pays d'immigration.

Francine Sanscartier, Sainte-Thérèse

Une solution simple

Drôle de compromis que vous proposez («Pas de place pour les cyclistes», La Presse, 19 décembre) que de nous interdire les rues de la ville en hiver. Ne serait-il pas plus judicieux de proposer de déneiger les pistes cyclables, comme les trottoirs? Passez la chenillette, c'est tout! Mon trajet de Rosemont jusqu'au centre-ville est à 95% sur pistes cyclables... l'été. L'hiver, cela se réduit à 20-30%. Belle ironie, la piste cyclable sur Rachel, dans le beau quartier du maire écologiste Luc Ferrandez, n'est pratiquement jamais déneigée. Pire, on s'en sert pour y accumuler le trop-plein des trottoirs et des rues. La vraie civilité et le vrai compromis est d'apprendre à rouler ensemble (je sais, je rêve). Les obstacles et désagréments de l'hiver en ville sont nombreux. Les automobilistes et les usagers des autobus ne sont pas les seuls à en faire les frais.

Bernard Pelletier, Montréal

Le chevalier Pellerin

Je déplore l'attitude de Fred Pellerin («Fred Pellerin fait chevalier de l'Ordre national», La Presse, 20 décembre). C'est malheureux qu'un artiste qui a beaucoup de créativité et de talent descende aussi bas pour répondre à ses fantasmes souverainistes. C'est le même Fred Pellerin qui, il n'y a pas si longtemps, comme membre du mouvement des carrés rouge, refusait de recevoir des mains d'une ministre libérale le même insigne. Quand on reçoit un honneur, on ne crache pas sur l'offre, peu importe qui nous le remet, surtout quand ça vient du peuple québécois.

Jean-F. Raynault, Gatineau