Voici des réactions de lecteurs à la suite de la publication de notre dossier sur la tyrannie de la beauté, publié samedi dernier dans le cahier Plus.

Laid, mais pas un «loser»

Je suis laid et je ne peux le cacher, mais jusqu'à l'âge de 19 ans, j'étais beau. J'en ai maintenant 49. C'est à la suite d'une tentative de suicide par arme à feu (un .12) que je me suis défiguré. Pour moi, le changement de mon apparence a été immédiat et le changement d'attitude des autres envers moi aussi. Même 30 ans plus tard et après une quarantaine d'interventions chirurgicales de toutes sortes, mon apparence rend encore les gens souvent mal à l'aise. Cependant, avec le temps, j'ai remarqué que la façon dont on se comporte ainsi que l'assurance qu'on dégage (ou pas) peuvent changer la donne. D'accord, je suis laid, mais je ne suis pas un «loser». La confiance en soi et notre attitude permettent aux autres de nous voir tels que nous sommes plutôt que ce que nous avons l'air physiquement. C'est un fait que la laideur peut compliquer les choses, mais c'est à nous de l'accepter et d'aller chercher ce qu'on veut de la vie.



L. Massicotte

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L'histoire de ma vie

Je suis très touchée et émue par la justesse des propos de Geneviève Ricard: pas hideuse, pas défigurée... juste pas belle. C'est aussi l'histoire de ma vie, ma souffrance initiale. Ça dure depuis 76 ans et toute ma vie a été marquée par cette «tare». Cette réalité rejoint des milliers de femmes. Pour survivre, il faut développer nos forces et qualités pour donner un sens autre que la séduction à notre vie. Ce qui n'est pas évident... J'ai aussi été mariée, j'ai deux magnifiques enfants, quatre extraordinaires petits-enfants, mais plus de mari qui, après une relation de 16 ans, m'a laissée pour une autre orientation sexuelle. J'ai quand même vécu une vie souvent passionnante.



F. Ménard, Longueuil

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Être belle, parfois difficile

Après avoir lu votre dossier sur les gens laids, je me suis demandé: «Faut-il que je me sente coupable parce que je suis belle?» Je fais partie des femmes qui sont belles (sans prétention.) Le fait d'être belle, c'est bien sûr avoir le regard des hommes sur soi. Agréable, vous me direz. Pas toujours. Parfois, tu comprends assez vite que l'homme ne rêve pas de te voir comme la mère de ses enfants. Comme si être belle femme suffisait, que pour nous tout est gagné d'avance! Une belle femme a d'autres aspirations que de se faire regarder. Et que dire des femmes qui reconnaissent notre beauté? Tu es mieux d'avoir un ego solide car, parfois, elles te prennent en grippe. Nous n'avons pas choisi notre apparence, nous non plus. Et la beauté, c'est éphémère. Tant mieux, la vie m'a gâtée, mais on finit par se lasser de se faire dire qu'on est belle, au même titre que celles qui sont tannées de se faire dire qu'elles ont pris du poids. La beauté a mauvaise presse, nous devenons un objet convoité par les hommes et une menace pour les femmes. Une belle femme fait peur autant aux hommes qu'aux femmes.

L. May, Laval