Ce matin est le début d'une autre journée qui ne sera rien de moins qu'un combat afin de me trouver une raison de continuer sans ma femme, Sandra De La Garza Aguilar, «assassinée» sur la route 112 alors qu'elle vivait sa passion.

Je connais bien les personnes du groupe pour m'être entraîné avec eux occasionnellement et je peux vous confirmer que ce ne sont pas des «cyclistes du dimanche» qui prennent toute la place inconsciemment en tenant pour acquis que les automobilistes vont leur céder la place. (C'était la troisième année que Sandra faisait ce trajet. Une fois de trop.)

 

Toutes les personnes du groupe qui ont survécu et à qui j'ai parlé confirment que rien n'expliquait l'accident (pas d'éblouissement du soleil, pas de brouillard, tous les cyclistes faisaient la file indienne).

J'ai appris la mort de ma femme alors que je revenais d'un voyage d'affaires à Philadelphie. Je me suis rendu à la rencontre d'un enquêteur de la SQ à l'hôpital afin de constater la mort de ma femme. Il m'a expliqué qu'aucune analyse d'alcoolémie n'avait été réalisée et qu'il avait «ouï-dire» qu'apparemment, les «gens du groupe» roulaient trois de large... Si on ajoute le fait que le conducteur du véhicule est un jeune pompier volontaire, donc un collègue des policiers, je ne serais pas surpris que le dossier soit clos rapidement.

La prochaine fois que vous tuez quelqu'un au volant de votre voiture, invoquez la fatigue! Six cyclistes, c'est vrai que c'est difficile à voir sur la route! C'était une section avec deux voies, vous n'aviez aucune raison de ne pas vous ranger dans la voie de gauche. La réalité est que le véhicule s'est déplacé sur la gauche et est ensuite revenu sur la droite bien avant que ce ne soit sûr. Un accotement pavé aurait au moins donné une chance à ma femme.

Si nous étions aux États-Unis, le conducteur responsable d'avoir détruit nos vies aurait déjà comparu devant les tribunaux. La simple réalité est que nous sommes responsables de la sécurité des autres lorsqu'on manie une arme, l'automobile.

Par le plus pur des hasards, des travaux étaient justement sur le point de commencer sur ce tronçon de route. Le gouvernement du Québec est criminellement responsable pour négligence. Un gouvernement est en place parce que nous lui confions aveuglément nos avoirs afin de les gérer efficacement pour offrir différents services (santé, éducation, infrastructures, etc.). Avant qu'il n'y ait un quelconque parti politique qui tente de se faire du capital en se servant de mes propos, sachez que je vous méprise tous de façon égale.

Idéalement, nous pourrions toujours nous dire que les routes sont en mauvais état par manque d'argent, mais vous savez, aucun parti politique n'a le courage nécessaire d'administrer comme le fait une business. Si on manque d'argent pour assurer la sécurité des citoyens, qu'on sabre ailleurs!

Oui, aujourd'hui, je lutte afin de me trouver une raison de continuer sans ma femme qui m'a été prise injustement par un «terroriste de la route». Demain, j'entreprendrai un long combat afin que justice soit faite... même si ma belle Sandra ne me reviendra jamais.