En 1976 au Québec, à la suite de l'élection du Parti québécois, des gens sont déménagés, emportant famille, biens et argent de peur de ce qui allait leur arriver. Au Japon, fin des années 80, début 90, les banques et institutions financières se retrouvent aux prises avec des problèmes financiers sans précédent. Les investisseurs fuient à nouveau.

Depuis le début du XXIe siècle, tour à tour, les 'bulles' ont crevé. Celles des technologies, de l'immobilier, des banques, et maintenant des institutions que l'on croyait à l'épreuve de tout, comme GM, sont au bord de la faillite. Et les capitaux fuient de toute part.

 

Chacun cherche à protéger ses avoirs, mais y a-t-il un endroit sûr de nos jours? Je n'en suis pas certain et à vrai dire, je m'en fous un peu. Je ne me fous pas de savoir que l'économie va mal ni que des milliers, voire des millions de gens vont perdre leur emploi. Non, je me fous de savoir où les pseudo-experts nous diront de placer nos capitaux car dans mon cas, je sais où je vais placer le mien: en moi.

Je vais me faire confiance à moi. Car voyez-vous, le début de la lucidité commence là où on cesse de se fier aux autres et on commence à se responsabiliser. Bien sûr, je ferai confiance à des gens pour investir ou pour créer des emplois ou remettre l'économie sur pied, mais ma première responsabilité sera de me rendre des comptes. J'agirai en personne responsable, confiant mes économies à quelqu'un en qui j'aurai confiance et qui sera responsable aussi.

Fini le temps où je ne posais pas de question de peur d'avoir à prendre une décision difficile, fini le temps où je laissais mon avenir à une poignée de gens qui n'avaient à répondre de leurs actes qu'à leurs amis ou leurs associés. Fini le temps où je laissais mes responsabi l ités aux aut res . Car au fond, c'est de cela qu'il s'agit; du fait que j'ai laissé trop longtemps les autres s'occuper de mes affaires.

C'était bien plus facile, je n'avais pas à me responsabiliser, c'était l'affaire des autres.

Des exemples? J'ai laissé un gouvernement mettre à la retraite des milliers d'infirmières, médecins et autres intervenants de la santé pour atteindre le déficit zéro et aujourd'hui le personnel hospitalier est au bord de l'épuisement. J'ai laissé un gouvernement tergiverser sur l'emplacement d'un hôpital depuis des années et aujourd'hui il est encore 'à l'étude'.

J'ai laissé des gens 's'occuper' de mon fonds de retraite sans que l'on me rende compte. J'ai laissé le système d'éducation se détériorer, j'ai laissé les politiciens passer des lois à l'encontre de mes valeurs et de mes convictions, je laisse des anarchistes détruire le bien public et privé au nom d'une prétendue brutalité policière. J'ai laissé des brutes faire la loi à l'école sous prétexte de 'fabriquer une carapace' aux victimes de violence. J'ai laissé des jeunes dans leur désarroi sous prétexte qu'ils ne répondaient pas à mes normes, les laissant vulnérables aux prédateurs.

J'ai fait tout cela, car je fais partie de la société. Cette société, dont nous faisons tous partie, qui édicte les lois pour mieux les contourner. Cette société qui exige tout sans pour autant vouloir en payer le prix. Si je veux une société juste, alors je prendrai mes responsabilités et je ferai tout en mon pouvoir pour qu'elle le devienne. Je commencerai avec les jeunes, ils sont l'avenir, pas le mien, le leur. Je leur donnerai l'instruction, car c'est avec des connaissances que l'on bâtit. Les peuples les moins bien nantis sont laissés dans l'ignorance par leurs dirigeants. J'optimiserai le système de santé, car un peuple instruit et en santé n'a pas de limite à ses accomplissements. Je me doterai de dirigeants imputables qui ne fuiront pas leurs responsabilités à la première tempête et qui me ressembleront tant dans mes valeurs que mes actions.

Aujourd'hui, je reprends le contrôle. Je suis convaincu, il ne me reste plus qu'à être convaincant. Oui, il y a pire que la fuite des capitaux, il y a la fuite des responsabilités.

L'auteur réside à Repentigny.