À titre tout à fait exceptionnel, nous publions cette lettre anonyme écrite par la mère d'un jeune alcoolique, membre des AA. L'identité de l'auteure a été vérifiée par La Presse.

Je suis la fière maman d'un membre des AA qui, l'année dernière, m'a fait vivre d'intenses émotions.

Laissez-moi vous raconter le beau conte de Noël que j'ai eu l'émouvant bonheur de vivre.

Mon fils et moi roulions pour aller rejoindre notre famille pour un réveillon dans une cabane à sucre et nous nous sommes perdus. Essayez, le 24 décembre, de trouver dans les champs de Sainte-Scholastique un garage ou un dépanneur qui soit ouvert pour demander à une âme charitable de nous indiquer le chemin!

 

Cet incident n'est pas banal, car si nous ne nous étions pas égarés, rien de ce qui suit ne serait arrivé.

Nous nous sommes promenés longtemps avant de trouver de l'aide. Pour tuer le temps, bien que je n'aie rien d'une Céline Dion, je chantais Les anges dans nos campagnes et mon fils me suivait dans ma douce folie. Ce fut un moment magique qui nous a rapprochés.

Mon fils qui conduisait la voiture me demanda de cesser de parler, car il voulait écouter les nouvelles à la radio. Le bulletin d'information se termina et rien de spécial n'avait retenu mon attention. Étrangement, il me dit que ce sera sûrement plus tard. Je n'accrochai pas à ces paroles et nous continuâmes à chanter.

Une heure plus tard, les nouvelles revinrent. À ce moment-là, nous étions toujours sur la route et la famille nous attendait sans doute impatiemment.

La lectrice des nouvelles parla d'une réunion de AA qui avait eu lieu le 24 décembre à l'Oratoire Saint-Joseph. Et là, je reconnus la voix de mon fils à la radio. C'était lui qui était interviewé!

À la fin de l'entrevue, la journaliste lui demanda: «Quelle différence ça fait pour un AA de passer un Noël comme ça?» Et lui de répondre: «Rire au lieu de pleurer à Noël.»

J'avais hâte d'arriver à la cabane à sucre pour raconter cette émouvante anecdote à ma famille, mais mon fils me fit promettre de garder le silence. J'ai respecté son voeu. Sur le chemin, à deux reprises, il reçut un appel d'un AA en détresse. Il lui dit de tenir le coup et qu'il viendrait le soir même lui prêter main-forte.

Lors du réveillon, ce n'est pas lui qui a reçu le plus d'attention de ses frères et soeurs, car leur perception de lui n'est pas encore changée.

Qu'il est grand à mes yeux cet homme qui trouve toujours le courage de se présenter quand même aux réunions de famille en espérant qu'un jour ses frères et soeurs verront le changement.

Tiens le coup mon grand! Je suis là.

Si j'ai envoyé ce texte à La Presse pour publication, c'est que je crois que ça pourrait aider un autre alcoolique à passer un bon Noël.

Sache mon grand que je suis très, très fière de toi! Ne lâche surtout pas... Je t'aime!