Le Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal signait vendredi dernier une entente pour le renouvellement de la convention collective avec la Société du Parc Jean-Drapeau, responsable notamment de l'organisation de la Fête des Neiges. Cette négociation difficile, ponctuée de périodes fortement médiatisées (fermeture de la plage, annulation de la Fête des Neiges l'année dernière, etc.), a connu son dénouement dans la plus grande indifférence, tout comme les dix autres règlements obtenus par le Syndicat au cours des sept derniers mois.

Des ententes comme celles intervenues à La Ronde, alors que la situation financière précaire de l'entreprise nous a amenés à trouver des solutions originales pour garantir plus de flexibilité, celle à la SHDM dans le contexte que nous connaissons maintenant, celle chez Rebuts Solides Canadiens, où il a fallu s'ajuster aux réalités d'un marché de la récupération et de la cueillette sélective en pleine crise, celles encore dans les villes reconstituées de l'Île de Montréal, soit Baie-D'Urfé, Montréal-Est, Westmount et Côte-St-Luc. Nous sommes fiers des ententes obtenues dans toutes ces négociations. Ces ententes traduisent notre volonté d'en arriver à un nouveau modèle de partenariat. (...)

 

Alors que les dérapages ponctuels font l'objet d'une couverture instantanée et systématique, ces onze premiers règlements sur l'Île de Montréal, avec le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, passent totalement inaperçus.

La convention collective des milliers de cols bleus de la Ville de Montréal est échue depuis près de dix-huit mois sans qu'il n'y ait eu quelque moyen de pression que ce soit. Pourtant, nos conditions de travail n'ont jamais été autant bafouées avec la perte de plusieurs centaines de postes permanents et un recul de plus de 15% sur le salaire depuis une convention collective imposée en 2004 dans le contexte des fusions municipales. Ces faits ne font pas la manchette.

50 % de sous-traitance

Pendant ce temps, la Ville laisse le secteur privé prendre le contrôle de ses activités alors que l'on retrouve plus de 50 % de sous-traitance dans le déneigement et la cueillette des déchets. Dans cette dernière activité, certains arrondissements ont refusé le recours au privé compte tenu d'une augmentation de 30 à 40 % des coûts par rapport à l'interne, soit avec leurs employés cols bleus. À qui profite ce virage vers le privé? Certainement pas aux citoyens.

Récemment, il a suffi d'un seul individu, un seul col bleu parmi plusieurs milliers, qui s'est fait prendre une bière à la main, et nous nous sommes retrouvés à la une des médias. Chacun de ces incidents, bien que très espacés dans le temps, nous ramène immanquablement à la case départ. Décidément, les dérapages intéressent bien plus les médias que les bons coups, cela dit sans naïveté. Je terminerai tout de même en reproduisant un passage d'un communiqué signé par le président du Syndicat, Michel Parent, et distribué à tous les cols bleus de la Ville de Montréal, le 8 décembre dernier, soit au moment de la première véritable tempête de neige:

«... je vous demande, à la veille d'un nouvel hiver qui s'annonce tout aussi rigoureux, de continuer à faire votre travail avec le même dévouement, le même professionnalisme, sans relâche ni ralentissement de travail. L'excellence de notre travail demeure, j'en suis convaincu, notre meilleur outil de négociation...»

Malgré les inévitables incidents de parcours, nous continuerons à miser sur une approche de concertation en espérant que ces ententes finiront par trouver écho dans les médias et l'opinion publique, afin de rendre justice aux hommes et aux femmes que nous représentons.

Marc Ranger

L'auteur est négociateur en chef pour le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal.