On a empêché le peuple grec de se prononcer par référendum sur un plan d'austérité sensé régler la dette extérieure du pays et maintenir celui-ci dans la zone euro. Maintenant, on réprime sa révolte tout en ergotant sur sa responsabilité dans la dette incontrôlée du pays. Cette population dont le salaire minimum sera abaissé de 22% (36% pour les jeunes), dont l'État sera amputé de milliers de serviteurs et dont les entreprises publiques seront offertes sur un plateau d'argent au capital privé, devrait se montrer plus responsable.

Le problème est plus complexe qu'il n'y paraît. Les salaires du secteur public et du secteur privé étaient déjà réduits de 20% à 30% depuis 2010, les allocations de chômage et celles familiales réduites aussi drastiquement, le système d'aide aux pauvres suspendu. On a cherché en outre à supprimer les conventions collectives et à les remplacer par des contrats individualisés.

Mais sait-on, par ailleurs, que les seules dépenses n'ayant pas subi de coupes sont les dépenses militaires? Leur part dans le budget reste en effet la même. Et qui vend toutes ces armes à la Grèce? Eh oui, pour un bonne part, c'est l'industrie militaire française et allemande, appuyée par leurs gouvernements respectifs et par la Commission européenne. Pas étonnant alors que 41% de la dette extérieure grecque soit détenue par des institutions financières françaises et allemandes. Et à des taux d'intérêt tout à fait outranciers, des taux exigés par les marchés financiers et avalisés par la Commission européenne et le FMI.

N'est-il pas compréhensible, dans ces conditions, qu'un peuple à qui on a confisqué le droit de se prononcer démocratiquement, soit « contraint de se révolter » (préambule de la DUDH)  contre l'illégitimité d'une grande partie de sa dette extérieure, une dette gérée par une dictature financière qui n'a de comptes à rendre à personne?