Une rare unanimité par les premiers ministres provinciaux s'oppose à la décision du gouvernement fédéral de limiter la hausse des transferts en santé. L'Alberta comme le Québec prétendent défendre le droit des citoyens à des soins de santé de qualité. Mais dans les faits, il s'agit d'une chicane de politiciens qui rechignent à prendre sur eux les coûts politiques de leurs décisions. En effet, rien n'empêche les premiers ministres provinciaux de compenser le manque à gagner en provenance du fédéral en augmentant les impôts, en coupant ailleurs dans le budget ou en laissant grossir le déficit. Mais les électeurs risquent de leur en vouloir. Mieux vaut pour eux que ce soit le fédéral qui avance les sous, qui se confronte aux choix douloureux et qui encaisse le ressac populaire. Le seul enjeu réel est de savoir comment l'argent du fédéral sera réparti entre les provinces. Et là, étrangement, le consensus s'évanouit: les plus pauvres veulent une part plus juste, les plus riches qu'on se contente de compter les têtes, et les plus âgées qu'on n'oublie pas que leurs têtes grises coûtent davantage. Étrangement, même au Québec, tous les partis s'entendent pour dénoncer la décision du fédéral. On aurait pourtant pu s'imaginer qu'un parti autonomiste ou souverainiste applaudirait une décision, qui, au final, accorde plus de pouvoir aux provinces. Mais les politiciens sont davantage intéressés au pouvoir de distribuer les bonbons qu'au pouvoir de prendre des décisions fondamentales mais douloureuses.