Depuis le début de l'automne dernier, j'ai pu suivre avec intérêt le dossier du Plan Métropolitain d'Aménagement et de Développement (PMAD). Piloté par la Communauté métropolitaine de Montréal (la CMM), organisme qui regroupe 82 municipalités du Grand Montréal, le PMAD fixe les balises du développement territorial de la région métropolitaine jusqu'en 2031. Aménagement du territoire, développement économique et protection des milieux naturels et agricoles, voilà l'essentiel des «enjeux» que le PMAD tente d'arrimer.

Pour quiconque suit le délicat dossier des boisés à St-Jean-sur-Richelieu, la récente adoption du PMAD a de quoi soulever des inquiétudes. De par sa volonté de protéger 17% de zones boisées, de corridors forestiers et de milieux humides situés en milieux terrestres, l'adoption du PMAD laissent perplexes les objectifs du Plan de conservation que la Ville de St-Jean-sur-Richelieu souhaite mettre en oeuvre.

En 2010, l'organisme GéoMont rapportait que la superficie boisée de St-Jean-sur-Richelieu se situait autour de 7%. Compte tenu des coupes forestières qui ont récemment eu lieu dans divers secteurs boisés de la ville, force est d'admettre que ce pourcentage a baissé depuis. Ce faisant, le Plan de conservation préparé par la municipalité de St-Jean-sur-Richelieu, tel qu'il est conçu en ce moment, ne protège que moins de 7% des boisés et des milieux humides du territoire de la ville.

Bien que St-Jean-sur-Richelieu ne fasse pas partie de la CMM, ne serait-il pas pertinent pour cette ville d'aligner ses objectifs de conservation sur ceux des villes voisines? Comment peut-on, comme collectivité, prétendre défendre efficacement l'environnement sans tenir compte de ce que font nos voisins? Ne dit-on pas que les arbres, plantes et animaux, bref que l'environnement naturel se moquent des frontières humaines? Comment assurer leur pérennité et celle des Hommes sans plan concerté?

Dans ce contexte, imaginez la pression que des promoteurs à la recherche de règles de développement moins contraignantes pourraient exercer sur la Ville de St-Jean-sur-Richelieu et sur ses élus ! Tout particulièrement sur l'ensemble des milieux naturels exclus du Plan de conservation de la ville! Comme l'a écrit François Cardinal dans un éditorial, il est important que des villes qui jouxtent la CMM adoptent l'esprit du PMAD. À St-Jean-sur-Richelieu, «ça urge»!

Il est très frustrant de constater que pour les citoyens de St-Jean, il y a un risque bien réel de faire les frais de l'adoption du PMAD. St-Jean-sur-Richelieu, de par sa proximité avec Montréal et grâce à la qualité des services qu'elle offre à ses citoyens, est l'une des villes hors CMM qui me semble particulièrement vulnérable. Depuis 2010, deux boisés importants auxquels les citoyens étaient profondément attachés ont été pratiquement rasés (Boisé Douglas et Boisé des Maristes). Et un autre est sur la planche à dessin (Boisé des Colibris). Bref, St-Jean-sur-Richelieu semble ne pas vouloir embarquer dans le train du PMAD, préférant construire son propre train qui lui n'a pas vraiment quitté la gare.