La Cour municipale de Montréal présentait, il y a quelques jours, ses trois nouveaux juges. Une cérémonie empreinte de dignité et de solennité, avec des dizaines d'officiers de la robe et du plastron. Un aréopage donnant confiance dans ce tribunal de proximité et de voisinage. On y entend les causes de la vie courante: l'ivresse au volant, les chicanes de voisin, la violence conjugale, la prostitution, les drogués, les querelles entre propriétaires et locataires...    

Quelques membres de la confrérie en ont profité pour rappeler les attributs d'un bon juge: la connaissance des lois, l'impartialité, la patience et le bon sens. La bâtonnière de Montréal, une charmante dame à la crinière des années 60, a ajouté le bilinguisme parmi les critères pour le choix des juges de Montréal. Normal en effet de comprendre sa clientèle et d'en être compris.

Ça faisait quand même drôle d'apprendre qu'on demande aux juges de Montréal, métropole d'un État français, d'être bilingues mais qu'on permette aux juges suprêmes du Canada, pays bilingue, d'être unilingues anglais. Toujours un peu difficile de se rappeler que le Canada est un pays bilingue anglais, sauf au Québec, une nation française bilingue.

Vive les mystères de la langue. Vive les contradictions de la réalité, avec ses jupons qui dépassent.