Vous souvenez-vous de ce jour de mars 2001 où les talibans, exerçant un pouvoir sans partage en Afghanistan, avaient détruit les bouddhas géants de Bâmiyân, sculptés dans le roc il y a 15 siècles?

Ces intégristes obtus ne pouvaient tolérer qu'un autre dieu soit vénéré, ou simplement représenté, sur leur sol. Allah et rien d'autre. Eh bien voilà que le gouvernement conservateur de Stephen Harper veut légiférer pour interdire aux associations de condos de proscrire le déploiement du drapeau canadien, mais pas l'affichage de tout autre fanion ou bannière. Pourquoi cette exclusivité accordée à l'unifolié? Parce que selon le ministre James Moore, «le drapeau canadien représente la liberté, la démocratie, le courage et la justice». Conformément à cette logique, un drapeau de la France pavoisé le 14 juillet ou une affiche d'Amnistie internationale pour la liberté de presse et d'opinion ne sauraient évoquer toute la vertu qu'inspire le drapeau du Canada. Aucune autre idée, aucun autre message n'est d'«intérêt national et public» et ne requiert l'emprisonnement de quiconque voudrait limiter sa diffusion sur un balcon. Le nationalisme canadien et rien d'autre. Les associations de condos pourront donc opiner que l'étalage bigarré de multiples panneaux, étendards et écriteaux nuit à esthétique architectural uniforme d'un complexe résidentiel. Mais le drapeau du Canada, lui, est sacré, décrète ce gouvernement majoritaire. Allah, Canada, même combat! Décidément, Stephen Harper et ses zélotes conservateurs sont vraiment nos talibans canadiens.