L'auteur a été un collègue de Michel Roy aux quotidiens Le Devoir et La Presse.    

En octobre 1970, temps mouvementé et exaltant pour un journaliste montréalais, j'arrivais au métier en provenance de l'enseignement. J'avais 30 ans mais ne connaissais vraiment rien à la confection d'un article de journal. C'est Michel Roy qui m'a pris par la main, avec doigté et compétence, pour me permettre de suivre le train de l'actualité. M'apprendre d'abord à écrire correctement - la qualité et la précision de la langue étaient, pour Michel, la première qualité d'un bon journaliste - et ensuite à distinguer l'essentiel de l'accessoire et à le dire pour que tout le monde comprenne.

Quel merveilleux voyeur c'était. Il semblait fait pour regarder faire les autres et témoigner de ce qu'il avait vu. Témoin, c'est ce qu'il était et est demeuré jusqu'à la fin de sa carrière. Je me souviens avoir couvert des congrès de partis politiques avec lui. On n'était pas là pour dire au monde quoi penser mais pour les informer sur ce qui se passait sur le plancher des assemblées.

Chacun son métier! Voyeur si, acteur moins! Merveilleux journaliste, inégalé comme grand reporter, Michel a été beaucoup moins heureux comme patron. On l'a écarté quand est venu son tour de diriger Le Devoir et son séjour à La Presse s'est terminé en queue de poisson. Peut-être avait-il du mal à s'imposer comme on s'attend d'un patron.

Michel Roy restera toujours pour moi un fiable grand frère et le modèle d'un journalisme rigoureux et respectueux de ceux qu'il couvrait et de ceux pour qui il écrivait.