Au cours des dernières semaines, il a souvent été question du rôle des agences de notation eu égard à la marge de manoeuvre financière des gouvernements. Certains avancent l'idée que ces agences mettent les pays à genoux en portant des jugements sur leurs actions. D'autres affirment que les agences entrent en conflit direct avec le processus démocratique en dictant des choix économiques et politiques.

Force est de constater qu'il y a, chez plusieurs, une très grande incompréhension du rôle des agences de notation. Ces dernières ne font que porter un jugement sur le risque relatif des titres de dettes que les gouvernements décident librement d'émettre. En l'absence de telles évaluations, les gouvernements auraient plus de difficultés à avoir accès au marché des capitaux. Chaque acheteur de titres gouvernementaux se verrait dans l'obligation de faire sa propre analyse, ce qui risquerait d'augmenter le coût des emprunts pour les gouvernements. Les élus ont toute la latitude nécessaire pour prendre les décisions de revenus et de dépenses qu'ils considèrent légitimes et pertinentes.

Cependant, si le niveau de la dette d'une province ou d'un pays augmente de façon importante et que le gouvernement n'exprime aucune volonté sérieuse de la rembourser en augmentant les taxes et impôts ou en diminuant les dépenses, il est tout à fait normal que les agences arrivent à la conclusion que la détention des titres d'emprunts de ce gouvernement est plus risquée. L'État pourra généralement continuer à emprunter, mais le taux d'intérêt exigé pourrait être légèrement plus élevé.

Critiquer sans nuances le travail des agences de notation, c'est comme critiquer le travail d'un médecin qui nous avise que si nous continuons de fumer, de mal nous nourrir, d'abuser de l'alcool ou de ne pas faire suffisamment d'exercice, nous risquons d'en subir les conséquences. Les peuples comme les individus sont libres de leurs choix, mais ils doivent avoir assez de maturité pour en assumer les conséquences.