Il est 1h. Il vente fort cette nuit. Conséquemment, ni moi, ni ma conjointe ne dormons. Sur le toit de ma maison frappe avec régularité la branche d'un arbre appartenant à la Ville de Montréal. Chaque bourrasque ramène la branche un peu plus fort sur la toiture, tant et si bien qu'en plus de me demander les dommages qui sont générés par tout cela, je me demande s'il ne serait pas possible d'appeler les policiers pour me plaindre du bruit excessif.

Il est 1h. Il vente fort cette nuit. Conséquemment, ni moi, ni ma conjointe ne dormons. Sur le toit de ma maison frappe avec régularité la branche d'un arbre appartenant à la Ville de Montréal. Chaque bourrasque ramène la branche un peu plus fort sur la toiture, tant et si bien qu'en plus de me demander les dommages qui sont générés par tout cela, je me demande s'il ne serait pas possible d'appeler les policiers pour me plaindre du bruit excessif.

J'enrage. Parce qu'au-delà du bruit et du vandalisme naturel de toiture, cette foutue branche symbolise à mes yeux tout ce qui ne va pas dans cette ville. Depuis le 13 mai que ma demande d'intervention -- avec mention urgente! -- a été déposée auprès du service Accès Montréal. Et depuis, toujours pas moyen de venir couper cette maudite branche. Véritable parcours du combattant, il a fallu faire des suivis répétés pour que de gentils employés municipaux viennent finalement émonder tous les arbres de la rue, sauf la branche qui frotte sur mon toit! C'est la faute aux fils électriques qui ne sont pas très loin, nous a-t-on expliqué. Un mois après la visite des employés et pratiquement trois mois après ma demande, le seul mouvement perceptible dans ce dossier demeure celui que le vent impose à la branche.

Je ne comprends pas. Je ne demande pas de trouver une solution à un problème complexe. S'ils en avaient le droit, des émondeurs privés se feraient un plaisir de faire le boulot. Il faut juste couper une branche, ce qui semble d'une complexité inouïe. Pourtant, tout le monde avec qui nous avons traité a été d'une grande gentillesse, plein d'empathie même. Mais tout le monde me semble aussi empêtré dans un carcan de façons de faire, de juridictions, de responsabilités bien délimitées qui permettent toujours de justifier l'inertie. Et il ne se passe rien.

J'adore Montréal, profondément. Et pourtant, en cette nuit d'insomnie, alors que je crois être dans les 12 travaux d'Astérix et une variante de la mairie qui rend fou, je me surprends à penser qu'être pris sur un pont après une bonne nuit de sommeil, ce n'est peut-être pas si bête comme option.