Vous avez raison, les jeunes omnipraticiens ont des valeurs différentes des baby-boomers. Ils sont en quelques sortes le reflet des jeunes de leur génération: une supposée qualité de vie suppose un engagement moins profond dans le travail. Il faudrait s'interroger sur le fait que NOUS leur avons transmis ces valeurs, inconsciemment peut-être. Car tout en valorisant le travail, nous leur avons appris à rechercher les solutions faciles, sans effort, à rechercher d'abord le plaisir dans tous les domaines. Et ils n'ont pas perçu que, nous, nous nous valorisions dans notre travail.

Vous avez raison, les jeunes omnipraticiens ont des valeurs différentes des baby-boomers. Ils sont en quelques sortes le reflet des jeunes de leur génération: une supposée qualité de vie suppose un engagement moins profond dans le travail. Il faudrait s'interroger sur le fait que NOUS leur avons transmis ces valeurs, inconsciemment peut-être. Car tout en valorisant le travail, nous leur avons appris à rechercher les solutions faciles, sans effort, à rechercher d'abord le plaisir dans tous les domaines. Et ils n'ont pas perçu que, nous, nous nous valorisions dans notre travail.

Une société qui valorise si peu l'effort devient vite peu productive, ce que Lucien Bouchard a bien exprimé il y a quelque temps, s'attirant les foudres d'une certaine gauche qui ignore la notion responsabilité individuelle et attend toutes les solutions de l'État.

Vous avez raison: il faut introduire dans la formation des médecins la dimension des relations humaines. Il faudrait aussi revoir le mode de sélection des candidats à la médecine. Il faut éviter de trop généraliser; il existe encore des jeunes prêts à s'investir à fond dans le service de leurs semblables, des jeunes idéalistes, dévoués. Mais ces jeunes ne sont pas toujours ceux qui performent en physique et en chimie ne se souciant que de leur réussite personnelle. C'est un ancien directeur d'établissement scolaire qui vous le dit. Quand on demande à des jeunes de troisième secondaire (des élèves répondant aux critères actuels d'acceptation dans les facultés de médecine) pourquoi ils veulent devenir médecins, ils répondent: pour l'argent et les vacances.

Il faudrait aussi peut-être interpeler les jeunes femmes qui trop souvent font le choix de travailler à temps partiel, se contentant d'une rémunération moindre, néanmoins très généreuse. Les critères actuels de sélection des candidats à la médecine les favorisant grandement (résultats scolaires), on devrait peut-être essayer de les rendre conscientes d'une certaine responsabilité sociale, surtout dans la période de pénurie que nous vivons actuellement. Car c'est le coût de la formation d'un médecin à temps complet que la société a consenti pour elles. Je sais qu'il y a aussi beaucoup de jeunes médecins masculins qui font ce choix contestable du travail à temps partiel. Il faudrait ici clarifier ce sacro-saint principe de la conciliation travail-famille qui, supposément, amène ces jeunes hommes et femmes à réduire leur charge de travail. En période de pénurie, en éducation par exemple, on a réduit grandement les possibilités de tâches partielles. Mais comme nos médecins sont des travailleurs autonomes (dans un système pourtant public), personne n'ose ou n'a le pouvoir de les contraindre de quelque façon. Comment ne pas reconnaître que nos généralistes pratiquent presque tous une médecine on ne peut plus privée, eux qui choisissent leurs clients, leurs horaires, leur charge de travail sans répondre à qui que ce soit. Le seul aspect public de leur pratique, c'est leur rémunération venant de l'État.

* «L'urgence de soigner», éditorial d'Ariane Krol, publié le 27 mai dernier.