Je suis bien placée pour parler des cours d'anglais intensifs en sixième année. Je suis francophone, née d'un père de racine acadienne transplanté dans le nord ontarien francophone, diplômée du collège des jésuites de Sudbury (maintenant l'Université Laurentienne). Il fut un des premiers francophones (parfaitement bilingue) à gravir les échelons corporatifs d'une grande multinationale américaine (General Motors) et il a entraîné avec lui un grand nombre d'hommes et de femmes québécois.   

Je suis bien placée pour parler des cours d'anglais intensifs en sixième année. Je suis francophone, née d'un père de racine acadienne transplanté dans le nord ontarien francophone, diplômée du collège des jésuites de Sudbury (maintenant l'Université Laurentienne). Il fut un des premiers francophones (parfaitement bilingue) à gravir les échelons corporatifs d'une grande multinationale américaine (General Motors) et il a entraîné avec lui un grand nombre d'hommes et de femmes québécois.   

Ma mère est une francophone née d'une mère irlandaise adoptée par la famille Girouard (oui, la rue Girouard) qui, au XIXe siècle, sentait déjà l'importance de la langue de Shakespeare dans la réussite de leurs enfants. C'est pourquoi ils ont adopté ma grand-mère, cette petite anglophone de l'Irlande. Je suis fière de mes racines francophones, irlandaises, micmaques, etc. Mariée pendant 16 ans à un anglophone de ville Mont-Royal/Westmount dont la famille était francophobe, j'ai persisté à parler le français pour que ma fille puisse bénéficier des deux langues malgré notre lieu de résidence. Aujourd'hui, elle aura le choix des emplois d'été, car elle est bilingue.    

Il y a un an, je me suis fait insulter par une vieille anglaise frustrée qui, après un incident bénin avec mon chien, m'a traitée de frog. Vous vous imaginez en 2011 se faire traiter de frog, go home? Mais voilà, je suis parfaitement bilingue et capable de me défendre, de très bien m'exprimer (souvent mieux que les Anglais eux-mêmes) dans leur langue et j'ai usé de finesse anglaise pour la désarmer!

Cette fichue habitude de vouloir créer un ghetto québécois, de se distancer de l'Anglais est presque aussi agaçante que celle des vieux péquistes comme Jacques Parizeau, Bernard Landry et Louise Beaudoin qui semblent vivre une illusion de constante réincarnation française. Vouloir s'isoler en pensant que cela va protéger notre patrimoine culturel est une très grave erreur. La preuve: je suis fière francophone, mais je peux prêcher pour ma paroisse, exprimer mes idées et ma singularité québécoise dans une autre langue! Vous connaissez une meilleure arme à succès et à colonisation?

Je suis l'anglophone de service quand il s'agit de transiger avec les étrangers sur des dossiers importants et captivants pour la firme d'ingénierie pour laquelle je travaille. Sans mon bilinguisme et celui de plusieurs de mes confrères et consoeurs, ma compagnie aurait de la difficulté à obtenir des contrats dans l'Ouest canadien et ailleurs dans le monde, ce qui représente notre avenir, considérant le marché restreint du Québec.

Pour conserver notre belle langue française québécoise, il ne faut surtout pas s'isoler. Il faut d'abord enseigner le plaisir de bien la parler, la respecter, la prononcer, connaître ses secrets et ses atouts.  

De bannir l'apprentissage d'une autre langue, celle qui est la plus répandue sur la planète après le chinois, c'est être suicidaire. Plus les Québécois parleront anglais, plus ils exporteront et exprimeront leurs valeurs, leur culture et leur langue, et plus ils apprécieront d'où ils viennent. Pourquoi priver notre jeunesse de tant de possibilités et d'opportunités? La xénophobie linguistique est un acte suicidaire. Moi, je ne suis pas née pour un petit pain, je veux la boulangerie!