Nous ne vivons pas dans un univers multilingue comme en Europe, mais dans un univers anglophone.

Ici, même nos sociétés d'État exigent le bilinguisme pour travailler. Et plusieurs entreprises imposent comme critères d'embauche d'être anglophone ou bilingue, le français n'étant plus nécessaire. J'ai lu tout cela dans des offres d'emplois publiées dans les journaux de Québec. J'ai entendu de jeunes couples francophones se parler anglais (pour pratiquer) et parler anglais à leur bébé. J'ai été accueillie en anglais dans des boutiques de Québec. J'ai dû insister pour qu'on me parle français.

Et même Radio-Canada diffuse de plus en plus de musique anglophone.

Si je me paie un voyage à l'extérieur du Québec, c'est pour vivre une expérience autre. Mais quand je suis chez moi, j'aimerais me sentir chez moi. C'est aussi ça la diversité culturelle. Si tout le monde est pareil partout, il n'y a plus de diversité  et il n'y a plus d'identité nationale. C'est l'humanité qui perd son patrimoine.

Si toute la vie au Québec se déroulait mur à mur en français, on pourrait envisager des activités parascolaires obligatoires en anglais. L'immersion scolaire en français devrait être obligatoire pour tous les autres. L'apprentissage d'une troisième langue devrait être obligatoire pour tous.

Le danger pour un peuple est de privilégier la langue de son conquérant sur toutes les autres.

Je rappelle une déclaration de Pierre-Elliot Trudeau: «Quand tous les Québécois seront bilingues, ils ne verront pas d'objection à passer à l'anglais.» D'après ce que j'entends de plus en plus, c'est déjà fait.