Les bonzes de la Société de transport de Montréal ont, depuis des années, donné leur aval pour que toutes les surfaces verticales des stations de métro soient tapissées de réclames publicitaires, bien au-delà des emplacements traditionnels. Ce furent ensuite les structures des tourniquets et celles des escaliers mécaniques, le sol, et jusqu'à l'enveloppe des wagons. Plus un seul espace où le regard ne soit sollicité par quelque chose à vendre; ça commence bien sa journée! Pour nous ancrer dans les neurones que les usagers n'ont plus que le statut de consommateurs voyageant dans des «publi-sacs» plutôt que celui de citoyens utilisant un service public inscrit dans une ville qui a son histoire, voilà qu'on songe maintenant à labelliser certaines stations: «On s'attend à la station Pepsi.» La STM assure que ce sera plus subtil. «On s'attend à Place d'Armes/Molson Dry»?

Les bonzes de la Société de transport de Montréal ont, depuis des années, donné leur aval pour que toutes les surfaces verticales des stations de métro soient tapissées de réclames publicitaires, bien au-delà des emplacements traditionnels. Ce furent ensuite les structures des tourniquets et celles des escaliers mécaniques, le sol, et jusqu'à l'enveloppe des wagons. Plus un seul espace où le regard ne soit sollicité par quelque chose à vendre; ça commence bien sa journée! Pour nous ancrer dans les neurones que les usagers n'ont plus que le statut de consommateurs voyageant dans des «publi-sacs» plutôt que celui de citoyens utilisant un service public inscrit dans une ville qui a son histoire, voilà qu'on songe maintenant à labelliser certaines stations: «On s'attend à la station Pepsi.» La STM assure que ce sera plus subtil. «On s'attend à Place d'Armes/Molson Dry»?

Le site web de la STM donne à lire au sujet de la dénomination de la station Vendôme que: «L'avenue de Vendôme fut ainsi nommée peu après l'annexion par la Ville de Montréal, en 1910, de la ville de Notre-Dame-de-Grâce. Le manque de renseignements précis quant à l'origine de ce toponyme nous oblige à n'émettre que des hypothèses. En France, Vendôme désigne une place de Paris bien connue et une sous-préfecture du département de Loir-et-Cher. Ce dernier lieu fut la patrie de la maison de Condé, une branche de la maison de Bourbon. Plusieurs ducs de Vendôme jouèrent un rôle important dans l'histoire de la France. La présence de la particule nous amène à penser que l'avenue de Vendôme rappelle l'un ou l'ensemble des ducs de Vendôme, plutôt que la place ou la municipalité.»

Je suggère de renommer cette station voisine de la Place-Saint-Henri «station Yvon Deschamps». Chaque fois qu'ils s'y arrêteront où en liront le nom, les usagers du métro auront ainsi l'occasion, l'espace d'un instant, d'évoquer mentalement cet auteur et monologuiste au charisme inégalé, né à Saint-Henri, qui a su porter un regard pénétrant et critique sur les valeurs qui sous-tendaient sa société, pour la faire évoluer. Bien davantage que les ducs de Vendôme, Yvon Deschamps a contribué à modeler le Québec d'aujourd'hui. Ce serait simple justice de reconnaître son apport immense et une occasion, pour la STM, de faire montre d'une conscience du poids symbolique dont elle a aussi la charge dans la dénomination des stations qui jalonnent le parcours de ses usagers.