Le vérificateur général de la ville de Montréal, Jacques Bergeron, a raison de revendiquer l'exclusivité du contrôle et de l'administration de la ligne éthique qu'il a mis sur pied l'an dernier à la suite des dérapages qu'on connaît. Plus que jamais, la ville a besoin de contrepoids efficaces - «checks and balances» -  afin d'assurer la transparence de sa gestion.

Le vérificateur général de la ville de Montréal, Jacques Bergeron, a raison de revendiquer l'exclusivité du contrôle et de l'administration de la ligne éthique qu'il a mis sur pied l'an dernier à la suite des dérapages qu'on connaît. Plus que jamais, la ville a besoin de contrepoids efficaces - «checks and balances» -  afin d'assurer la transparence de sa gestion.

La ligne éthique est un outil couramment utilisé par les grandes entreprises et organisations gouvernementales pour faciliter la dénonciation des cas de fraudes et les cas de mauvaise gestion qui entraînent des coûts importants. Seul le vérificateur général d'une organisation comme la ville de Montréal possède l'indépendance requise pour gérer adéquatement ce mécanisme parce que l'efficacité de cet outil est directement fonction du degré d'indépendance de celui qui en a la responsabilité.

Le responsable de la ligne éthique ne doit pas seulement effectuer les vérifications pour s'assurer que les allégations sont fondées. Il devra communiquer le résultat de ses travaux aux autorités de la ville et même aux autorités policières s'il apparaît que des poursuites criminelles doivent être entreprises. C'est une tâche complexe et délicate qui ne peut être exercée que par une personne totalement indépendante, une personne dont la sécurité d'emploi est assurée. Or à la ville seulement un employé ne peut être viré: le vérificateur général. L'expression juridique qui décrit ce type de poste est claire, c'est un poste «inamovible».

Contre toute attente, le comité exécutif de la ville a récemment décidé de confier l'administration de cette ligne éthique au contrôleur général, celui-là même qui a la responsabilité de mettre en place les contrôles devant prévenir la fraude. Comment peut-on être naïf au point de penser que le contrôleur dénoncera toujours des irrégularités pouvant impliquer ses collègues ou patrons, ou encore des dérapages découlant de contrôles inefficaces ou inexistants dont lui-même est responsable?

Par les temps qui courent, on aurait pensé que les dirigeants de la ville de Montréal mettraient en place les mécanismes de gestion les plus efficaces pour rétablir la confiance du public dans cette institution. On a encore à la mémoire les promesses faites en ce sens à la veille des dernières élections municipales. Mais ça, c'est du passé, on a gagné. Alors comme disait le chauffeur d'autobus à l'époque, «Allons tout le monde, avancez en arrière!»