Je conduis une automobile depuis au moins 40 ans. Je précise tout de suite que je respecte la vitesse permise. Il y a toujours eu des fous du volant, impatients, agressifs, avec leur grosse bagnole. Cela faisait partie du paysage routier.

Je conduis une automobile depuis au moins 40 ans. Je précise tout de suite que je respecte la vitesse permise. Il y a toujours eu des fous du volant, impatients, agressifs, avec leur grosse bagnole. Cela faisait partie du paysage routier.

Autrefois, on s'exclamait tout haut, mais on n'en faisait pas grand cas car ils étaient rares, et nous avions foi que la plupart des conducteurs se comportent en bons citoyens soucieux du bien-être des autres. Aujourd'hui, les conducteurs malpolis, impatients, agressifs, rageurs, distraits, sont légion sur nos routes.

Dès que je mets les pieds hors de chez moi, j'emprunte une route à deux sens, une seule voie de chaque côté, sur laquelle je roule sur une distance de 35 km pour me rendre au travail. Et il n'y a pas un matin, pas un, où je ne me fais pas suivre de si près que je ne vois pas les phares de la voiture derrière moi.

Dès que je prends le volant, c'est automatique, une voiture s'agglutine sur mon parechoc arrière. Puis une autre et une autre... Et voici une grappe d'automobiles roulant à 90 km/h, s'exposant à un carambolage, si par malheur je devais freiner rapidement pour éviter un chevreuil ou un enfant.

Si j'accélère, ils se colleront sur moi tout de même et le danger augmentera. Si je ralentis, j'ai droit à des clignotements de phares, dépassements illégaux, bras d'honneur et j'en passe.

On suit de trop près. Est-ce légal? On n'utilise pas le clignotant. Est-ce légal? On dépasse sur les lignes doubles ou à droite sur le terre-plein. On ne donne aucune chance. Hésiter, ralentir, chercher une adresse est à proscrire. On vous coupe rageusement, haute vitesse, non-respect du Code de la sécurité routière, impolitesse et manque de civisme, quand ce n'est pas un cas flagrant de rage au volant.

Même dans les stationnements de centres commerciaux, on roule trop vite, on gare sa voiture abruptement sans égard pour les piétons. On traverse un feu vert sans ralentir, en se disant que le piéton, s'il est frappé, sera fautif car l'automobiliste avait le droit de passage.

Nous n'avons plus droit à l'erreur... sur nos routes mortelles.