La semaine dernière, les médias ont abondamment parlé du référendum de 1995 dont c'était le 15e anniversaire. Le premier ministre Jean Charest, interviewé à Radio-Canada, y est allé de réponses surprenantes. Surprenantes pour le citoyen qui s'intéresse à l'histoire récente. Mais peu surprenantes quand elles viennent de Jean Charest.

La semaine dernière, les médias ont abondamment parlé du référendum de 1995 dont c'était le 15e anniversaire. Le premier ministre Jean Charest, interviewé à Radio-Canada, y est allé de réponses surprenantes. Surprenantes pour le citoyen qui s'intéresse à l'histoire récente. Mais peu surprenantes quand elles viennent de Jean Charest.

On sait que ce dernier est un politicien aguerri. Lorsqu'il s'exprime en dehors de la période des questions à l'Assemblée nationale, il parle de façon calme et avec aplomb. On lui donnerait presque l'absolution sans confession, comme on disait autrefois. À condition de croire, cependant, qu'à force de répéter une fausseté, celle-ci finisse par devenir vérité... En cela, M. Charest est un véritable spécialiste.

Par exemple, lorsqu'il affirme que le Québec a vécu «en 1995 et après, une assez longue période de morosité marquée par des décisions du gouvernement du Parti québécois qui ont laissé des marques dans le domaine de la santé et de l'éducation... On vit avec des séquelles de décisions qui ont suivi le référendum de 1995».

Il est vrai que les décisions qui ont été prises pour l'atteinte du «déficit zéro» ont été prises après 1995. Mais cela n'avait rien à voir avec le référendum. C'est la menace de Standard & Poor's d'abaisser la cote de crédit du Québec, à cause de sa dette importante et de ses déficits budgétaires, qui a créé cette obsession du «déficit zéro». Et ce n'était pas là un problème qui relevait de la seule gestion des finances publiques par les gouvernements du Parti québécois. C'était, entre autres, lié aux soubresauts de l'économie américaine. Ce déficit zéro, le premier en 40 ans, a été atteint en 1998-1999, avec un surplus de 2,9 milliards de dollars. Selon des documents du ministère des Finances, l'économie québécoise a alors eu une des meilleures performances de la décennie... à cause de la vigueur de l'économie américaine et de la faiblesse du dollar canadien.

Bien que l'on puisse porter un regard critique sur la façon dont le gouvernement de Lucien Bouchard s'y est pris pour atteindre cet obsessionnel «déficit zéro», il n'en reste pas moins que M. Charest ment effrontément lorsqu'il affirme que la morosité qui a suivi 1995 constitue le lendemain de veille difficile du référendum.

Ce qui m'a aussi fait sourire, dans les propos de M. Charest, c'est lorsqu'il affirme: «Je sais ça: les Québécois n'en veulent pas d'un nouveau référendum.» Ah bon! S'il connaît si bien l'âme des Québécois, comment se fait-il qu'il ne comprenne pas que plus de 75% de ceux-ci, depuis des mois, réclament une enquête sur la construction et sur le financement illégal des partis politiques? S'il y en a un qui divise les Québécois, par les temps qui courent, c'est bien M. Charest... et l'ensemble du gouvernement qu'il dirige.