(En réponse à la lettre de Luc Ferrandez, maire de l'arrondissement Plateau-Mont-Royal, publiée le 8 juillet dernier dans La Presse.)

M. Ferrandez,

Je demeure dans le Mile-End. Un dirigeant doit laisser au placard ses lubies et celles de ses commettants. Il doit diriger pour le bien de tous.

Il y a beaucoup de gens sur le Plateau qui ont une vision bucolique de l'endroit et veulent imposer leur façon de vivre aux autres. Selon eux, le Plateaunien idéal travaille de 9 à 5 et utilise les transports en commun ou le vélo pour se déplacer. Il achète sa nourriture bio chez Rachel Berry et la mange en sirotant son verre de vin calé dans son hamac en grattant sa guitare. Pour ces gens-là, ceux qui ont des autos sont, comme vous le dites dans votre opinion, des gens incapables d'en décrocher qui causent des dommages à la communauté et à l'environnement.

J'aimerais pouvoir vivre comme cela. Ce n'est malheureusement pas le cas. Mais j'ai aussi le droit de vivre sur le Plateau tout autant que ces granolas, surtout que j'y demeurais avant que les ayatollahs ne s'emparent de mon quartier.

Vous, mon dirigeant élu, avez la responsabilité de représenter mon point de vue.

J'ai ma carte Opus et j'utilise le transport en commun presque tous les jours. J'ai aussi besoin de mon auto. Il est impossible d'aller voir un client le matin à Boucherville et un autre dans le West Isand tout de suite après tout en retournant au bureau au centre-ville dans la même journée à moins de vouloir passer 10 heures en autobus, non climatisé. En habit et cravate, c'est déjà un exploit sportif.

Il est impossible pour un avocat qui plaide à Trois-Rivières une journée et à Laval le lendemain de ne pas avoir d'auto. Même chose pour un notaire qui fait des recherches de titres à travers la province. Pourtant, il y a des gens qui font tout pour écoeurer ceux qui, tout comme moi, n'ont pas le bonheur d'avoir une job pour culs bénis à proximité de jarret et de vélo de leur résidence avec petit horaire tranquille et retraite assurée jusqu'à la fin de leurs jours, payée par ceux qu'on écoeure.