Depuis 36 ans, j'habite Montréal. J'y suis né, j'y ai fait mes études, j'y ai travaillé, j'y ai vécu des bons moments et des moins bons. Je suis très attaché à ma ville. Pourtant, en prenant connaissance de votre campagne pour favoriser le retour des familles à Montréal, je suis un peu perplexe...

J'habite depuis cinq ans au coeur du centre-ville, dans l'arrondissement de Ville-Marie, maintenant sous votre responsabilité directe. J'ai la chance (ou le malheur) d'aller travailler à pied. À chaque jour, je risque ma vie face à des automobilistes pressés et incompétents qui ne subissent aucune contrainte. L'automobiliste est roi et maître des rues à Montréal. Depuis cinq ans, je réclame l'installation d'un feu pour piétons au coin des rues Amherst et Viger, véritable piste de course.

De plus, les chiens se promènent sans laisse depuis cinq ans dans ma rue, et mes appels aux policiers n'ont rien donné. Nous sommes sollicités à tous les 10 mètres par de jeunes itinérants grossiers et agressifs. Les revendeurs de drogue sollicitent leurs clients au vu et au su de tous autour du métro Berri-UQAM.

Pour clore le tout, le vandalisme est endémique, et il est impossible de conserver une voiture stationnée en bon état dans la rue.

Je n'insisterai pas sur la lente disparition de l'identité francophone de Montréal, où tout se bilinguise, ce qui équivaut à dire que tout s'anglicise.

Alors à mes amis qui se cherchent une maison, je suis obligé de dire la vérité sur les services que je reçois et sur la qualité de vie dont je bénéficie à Montréal. Il semble que tout le monde soit trop occupé pour nous écouter et nous protéger.

Lorsque je regarde ma rue toute sale, les véhicules qui passent à 80 km/h sur les rues Viger et Saint-Antoine, les jeunes désoeuvrés qui font la loi et les «No speak French» que je me fais servir de plus en plus, je me dis que le masochisme a tout de même ses limites.

Dans mon cas, mon histoire d'amour avec Montréal s'achève. Je vais bientôt grandir les rangs de ceux qui s'en vont, malheureusement de gaieté de coeur. Assez, c'est assez.

Bonne chance dans votre campagne de promotion; j'ai tenté pendant des années de transmettre le même message que vous, mais maintenant, mais je n'y crois plus.

Ma ville ne m'a pas rendu la tâche facile!