Après les déconvenues de l'édition 2013, les gens de Competitor Group n'avaient plus droit à l'erreur... Et on dirait bien qu'ils ont reçu le message. Le Marathon de Montréal, cette fois, s'est très bien déroulé.

Avec 36 000 inscriptions aux quatre distances, ce n'était pas gagné d'avance. La croissance constante met maintenant Montréal au niveau d'organisations comme Ottawa, Toronto ou Vancouver. L'amateurisme et la soif du profit qui ont gâché une partie de la fête l'an dernier n'étaient plus tolérables.

On a corrigé le tir plutôt très bien.

L'arrivée par le métro Longueuil sur le pont Jacques-Cartier était beaucoup plus fluide. Détail non négligeable: il y avait une quantité record de toilettes chimiques à l'entrée du pont. C'est à croire qu'on les avait toutes réquisitionnées entre Rouyn et Baie-Comeau.

Aux dernières nouvelles, il n'a manqué ni de liquides ni de verres pour les servir (comme ce fut le cas en 2013) - même si le premier point de ravitaillement n'était qu'après le quatrième kilomètre.

D'une entreprise à but lucratif, qui a acheté la marque du Marathon de Montréal et qui prétend être un leader dans le domaine des courses populaires, on s'attend à rien de moins.

L'organisation a recommencé à donner des bourses. Si le niveau de l'élite a nettement baissé, du moins on respecte minimalement les coureurs de haut niveau. Quand on compare le niveau des coureurs d'élite à Ottawa ou à Toronto, Montréal fait terriblement provincial, mais au moins on ne rit plus de l'élite locale, comme l'an dernier, où un vainqueur touchait plus à la course du festival de la Barbotte de Sorel qu'à Montréal...

Certains ont trouvé que le «rock» dans divers groupes était trop anglais, d'autres auraient voulu des toilettes sur le pont, des parents trouvent toujours l'arrivée de la course de 1 km chaotique, mais bon, on ne rapporte aucun enfant disparu, et rien n'est parfait.

Le parcours

Disons donc que Competitor Group a rempli l'essentiel de son mandat: faire courir en sécurité et dans le plaisir le plus grand nombre de personnes jamais enregistrées à une course locale.

Peut-on rêver maintenant que la Ville de Montréal nous offre un parcours digne de la ville? Oui, le départ suspendu entre ciel et fleuve, le pont empli presque au complet qui vibre sous les pas caoutchoutés des coureurs, ce n'est jamais banal.

Les îles ont leur charme. Le Vieux-Montréal aussi. Mais le reste du parcours manque d'attraits et comporte trop de difficultés (place Jacques-Cartier, côte Berri, les très nombreux virages sur le Plateau et dans l'Est).

Or, les marathons sont aussi des aimants touristiques. Un des critères du choix d'une course est précisément le parcours - beauté et niveau de difficulté. Montréal offre de meilleurs divertissements d'après-course que, disons, Albany. Pourquoi pas, en plus, faire ce que font New York ou Paris ou Londres, enfin bref ce que tout le monde fait, c'est-à-dire montrer ses plus belles rues...

Le Porho: 9e temps historique

Pendant ce temps, à Berlin, non seulement le record du monde a été battu (2:02,57!), mais le Montréalais David Le Porho a réalisé le neuvième temps jamais enregistré par un Québécois (2:20,27), devançant Agustin Diaz Romero (2:20,35, Montréal, 1986) et... son entraîneur, Dorys Langlois (2:20,36, Houston, 1989).