Ça ne paraît pas toujours, je sais, mais les élèves québécois de 15 ans sont parmi les meilleurs du monde. Malgré la foutue réforme, ils apprennent encore des choses! Et mieux que la plupart des adolescents évalués par l'OCDE.

Avouez que vous ne l'aviez pas vue venir, celle-là...

C'est pourtant assez constant depuis que ce programme international (PISA) existe: les élèves québécois se classent dans le top 5 ou le top 10 dans les trois matières évaluées: la lecture, les mathématiques et les sciences.

La nouvelle étude est censée avoir évalué pour la première fois les élèves de la réforme. Résultat? Ils se classent aussi bien qu'avant.

Je sais, je sais, il y a mille raisons de déplorer un million de choses qui vont tout croche dans notre système d'éducation, et on ne s'en prive généralement pas. Permettez tout de même qu'aujourd'hui on réalise qu'au bout du compte, les adolescents du Québec savent mieux lire, mieux compter et mieux comprendre les idées scientifiques que ceux de presque tous les pays.

On râle, on râle souvent, les parents, les élèves, les médias... Tout le monde râle contre l'éducation au Québec. Mais dans combien de domaines évalués un peu sérieusement peut-on se dire qu'on est parmi les meilleurs du monde?

En lecture, les élèves québécois se sont classés 6es parmi les 65 pays évalués - au 4e rang canadien.

Et en mathématiques, le Québec obtient le premier rang au Canada et n'est devancé que par Shanghai, Singapour, Hong-Kong, la Corée et Taipei. Il devance la Finlande, peut-être le pays occidental où l'on prend l'éducation le plus au sérieux.

L'étude révèle, sans surprise, que les filles réussissent mieux en lecture que les garçons et que ceux-ci obtiennent de meilleurs résultats que les filles en maths et en sciences.

Fait à noter, il n'y a pas de différence significative entre les systèmes scolaires anglais et français au Québec, sauf en mathématiques, où les francophones réussissent sensiblement mieux.

Autrement dit, les garçons francophones du Québec réussissent au plus au haut niveau mondial en mathématiques. Arrêtez de leur dire qu'ils sont moins bons que les filles, et donnez-leur une bine affectueuse de ma part si vous en voyez un passer.

J'en vois qui doutent au fond de la classe... Vous n'y croyez pas, hein, monsieur? C'est pourtant une étude qui existe depuis longtemps et qui est faite avec des critères rigoureux de comparaison. Oui, madame.

C'est comme ça, il n'y a rien à faire, c'est vraiment une bonne nouvelle au sujet de nos adolescents.

Mais ne vous en faites pas, la vie médiatique reprendra son cours normal et dès demain, on aura oublié tout ça.

On parlera de décrochage et on aura raison, on verra que l'Ontario a pris le taureau de l'abandon scolaire par les cornes en s'occupant de ceux qui ont besoin de soutien. On y viendra.

Mais ce matin, tout de même, je propose une trêve de 24 heures.

En vérité, c'est davantage une bonne nouvelle «pour» nos adolescents qu'une bonne nouvelle à leur sujet. La bonne nouvelle, c'est que malgré tout ce qu'on peut en dire et en craindre, ils sont généralement entre les mains de professeurs compétents.

Sans farce: pour obtenir de pareils résultats, nos profs doivent avoir fait deux, trois trucs vraiment bien pendant que les pédagogues du Ministère avaient le dos tourné à concocter des réformes.

On allait peut-être oublier que ce métier attire encore pas mal de gens qui aiment passionnément les enfants et la transmission du savoir.

Lors des rencontres de profs, je les écoute expliquer ce qu'ils vont faire, ce qu'ils ont fait, les projets, la matière, l'évaluation... Des fois (des fois), j'ai envie de leur dire: vous faites un travail admirable. Mais je ne le leur dis pas.

C'est incommensurable, ce qu'un professeur peut faire dans une vie, quand on y pense. Il n'y a pas que les médecins qui sauvent des gens.

Si on calcule qu'il veillera dans sa carrière à former le cerveau de 1000 ou 2000 ou 3000 ou je ne sais combien d'êtres humains, on commence à voir l'importance de cette armée pacifique dans le développement d'un pays, de ses gens, de sa culture, de son économie.

Souriez ce matin (juste ce matin), citoyens, nous avons au Québec l'un des meilleurs contingents en Occident.

(Aux ados, finalement, pour éviter tout malentendu, je rappelle la différence entre le général et le particulier. Je vous félicite très fort en général, mais je vous dis ceci en particulier: bottez-vous le derrière, c'est le temps des examens.)

Pour joindre notre chroniqueur: yves.boisvert@lapresse.ca