On ne voudrait surtout pas casser le party. Mais... s'il prétend être de classe internationale, il y a deux ou trois choses, ou peut-être 12, qu'il va falloir changer au Marathon de Montréal.

Sans quoi le succès phénoménal de l'événement risque de s'effondrer. Or, le potentiel de développement est encore grand. Il n'y a pas de raison que le Marathon d'Ottawa soit plus gros que celui de Montréal. Enfin, si, il y a des raisons: l'abandon, pendant plusieurs années, de l'événement montréalais et l'excellence de l'organisation à Ottawa.

Non pas que l'événement de Montréal soit mal organisé. Il est bien organisé. Mais pour 10 ou 12 000 personnes. Rendu à 21 000, il faut faire plus que des ajustements.

Il faudra surtout que la Ville de Montréal aide cet événement à avoir l'ampleur qu'il mérite. En plus d'être un événement populaire montréalais, il attire des milliers de touristes. Les coureurs-visiteurs viennent rarement seuls.

Quoi changer? D'abord, l'arrivée au Stade olympique. Aussi charmant que ce puisse être de passer par la «porte marathon», plusieurs se sont plaints de la cohue à l'arrivée. Je devrais dire «les» arrivées, car selon la course, il fallait virer à droite ou à gauche à un moment où, précisément, vos sens vous abandonnent... On en a vu rebrousser chemin après s'être trompé de bord. Pas normal.

Moins normal encore: certains participants du 10 km ont carrément fait la queue pour franchir la ligne d'arrivée!

Ajoutez à cela que les meilleurs coureurs du 10 km, qui courent la distance en une trentaine de minutes, ont été obligés de se faufiler entre les coureurs plus lents du 5 km, partis en même temps. Pas normal non plus.

La force des grands marathons est de pouvoir attirer autant l'élite que la masse. Il ne faut pas que l'une nuise à l'autre.

«On s'aperçoit que le Stade olympique est trop petit, disait hier Bernard Arsenault, président de l'événement. Le roulement dans le stade n'était pas assez rapide. On songe à une autre arrivée et surtout à un nouveau parcours.»

Pourquoi un nouveau parcours? Pour l'élite, qui n'est pas attirée par ce parcours relativement ardu, surtout en deuxième moitié - n'oublions pas les bourses, toutefois... Mais aussi pour le grand public, peu sensible aux charmes des dessous de viaducs dans le bout de la rue des Carrières, par exemple...

La mode est aux parcours «plats, rapides et festifs», comme on dit à Toronto. Celui de Montréal a ses charmes (la vibration du pont, notamment). Mais on peut faire mieux, tant pour aider le sportif du dimanche que pour égayer le coureur récréo-touristique.

Si pour les restos, on ne s'inquiète pas de la rivalité avec Saskatoon, question parcours, on est à la traîne parmi les concurrents canadiens.

La participation au Marathon Oasis, qui avait déjà doublé entre 2007 et 2009, est passée de 15 000 l'an dernier à 21 000 cette année. Pour la majorité des participants, ce fut un dimanche matin très réussi. C'est le temps de prendre un virage.

M. Arsenault, vous avez sûrement une idée de parcours en tête? «Il faut en parler avec les gens de la Ville de Montréal, et vous savez, à Montréal, rien n'est facile, avec 19 arrondissements... J'espère qu'il y a une volonté politique d'aider le Marathon. Le parcours actuel est un frein à notre développement.»

Le maire Gérald Tremblay donnait le signal du départ du marathon et le responsable de l'urbanisme, Richard Bergeron, courait le demi-marathon (1h59, tout de même). Ces deux-là devraient comprendre, non?

Il est question d'une arrivée en plein air dans une allée très dégagée et d'un parcours en boucle - peut-être une arrivée sur l'île Sainte-Hélène.

Oui, bon, j'avoue, ça ne m'a pas empêché de faire mon record dimanche au demi.

Mais, hé, c'est pour les autres qu'on écrit, dans ce métier...