On est sur le point de condamner pour de bon le Stade olympique et de se priver d'un lieu de manifestations sportives majeures assez rare. Me semble qu'avant d'y engloutir d'autres centaines de millions, un nouvel examen de la question s'impose.

La RIO a lancé un appel de candidatures il y a déjà cinq ans pour la construction d'un toit fixe. Elle a choisi la solution de SNC-Lavalin en PPP, mais Québec n'a pas encore tranché.

C'est donc la dernière chance de sauver ce qu'il reste de sportif dans ces installations. Au prix qu'elles nous ont coûté, ça vaut bien un ultime examen...

On est sans doute un peu trop lassés, et convaincus en fait qu'il n'y a plus rien à faire avec ce stade. Ce n'est pas une raison pour choisir une solution de débarras.

Aux dernières nouvelles, il tenait toujours. C'est aussi, même si ça ne fait pas l'affaire de tout le monde, une des seules structures reconnaissables de Montréal.

Alors, avant de le boucher pour de bon avec une soucoupe d'acier inamovible et de faire d'autres travaux de réfection, on devrait être convaincu que c'est la moins mauvaise des solutions.

Hier, je parlais de la solution suggérée par l'entrepreneur François Delaney : un toit en acier rétractable. Déjà, des ingénieurs m'ont écrit ou appelé pour dire que c'était très bien, correct, ou pas réalisable. Chacun a son idée, évidemment. Mais ce projet a le mérite de préserver l'ouverture et donc la vocation sportive du Stade, et de ne pas y ajouter de charge.

Ça peut toujours servir...

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Quand les Nordiques de Québec ont pris le chemin du Colorado, tout le monde le disait : il n'y aura plus jamais de hockey professionnel dans cette ville. Trop petite, trop pauvre, oubliez ça.

La semaine dernière, le maire de Québec, Régis Labeaume, était dans le bureau du commissaire de la Ligue nationale de hockey, et ce n'était pas pour l'inviter au carnaval. Soudain, ce n'est plus impossible.

Quand les Expos ont quitté Montréal pour Washington, tout le monde disait que plus jamais le baseball ne reviendrait ici. Trop petit marché, trop pauvre, oubliez ça.

Mais sait-on jamais? Les Cubs de Chicago sont virtuellement en faillite. D'autres clubs perdent de l'argent. Peut-être un jour y aura-t-il un projet de baseball à Montréal. Avoir un stade branché sur le métro, même un stade imparfait, n'est pas un atout négligeable.

Si on fige dans l'acier le Stade olympique, avec un toit qui descend plus bas que l'actuel, comme le suggère la Régie des installations olympiques, oubliez ça. Il faudrait construire un nouveau stade. Ce sera officiellement foutu pour le baseball, mais aussi pour les compétitions d'athlétisme et plein d'autres événements pour lesquels les grandes villes se battent.

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Êtes-vous déjà allé dans le mât du Stade olympique? Si je n'y avais pas été amené par la conférence de presse du marathon, le mois dernier, je n'y serais pas encore allé.

La vue sur Montréal, la montagne et tous les environs y est renversante. Mais ce qui m'a surtout frappé... c'est qu'il n'y a rien.

Rien. Qu'un grand observatoire vide, qu'on peut meubler au besoin de tables et de chaises. N'est-ce pas un endroit évident pour installer un restaurant, par exemple?

Je n'irais pas davantage au restaurant dans le mât du Stade, remarquez bien. Je constate simplement que pendant qu'on se fend en quatre pour construire toutes sortes de machins touristiques, on n'arrive pas à utiliser celui-là, évidence en forme de nez au milieu du visage montréalais.

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Ce stade a tout de même coûté un milliard. Des endroits pour des foires, il n'en manque pas. Mais de stade olympique, qui peut se vanter d'en avoir un ? Songez qu'on ne pourrait même pas y tenir les jeux du Commonwealth.

Qu'ont à dire les candidats à la mairie de Montréal? Voilà une installation de première importance, stratégique même. S'en remettront-ils béatement aux décisions des fonctionnaires provinciaux et du gouvernement du Québec ?

Il y a un héritage en jeu, ici. C'est leur travail de prendre position pendant qu'il en est encore temps, pour qu'au moins un regard neuf soit porté sur cet étrange objet qui ne demande qu'à être revisité.

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ERRATUM - Dans le recours collectif intenté contre Radio-Canada à cause des propos du psychiatre Pierre Mailloux, ce n'était pas 24 500 $ par membre de la communauté noire qui était réclamé (ce qui aurait fait 4 milliards) mais un total de 24,5 millions.