Dans une course dont l'issue ne semblait pas, au départ, faire trop de doute, on attendait beaucoup des cinq débats officiels organisés par le Parti québécois. Le quatrième a eu lieu hier, à Rimouski.

Et puis? Et puis, pas grand-chose. Rien pour écrire à sa mère et certainement rien pour changer profondément la donne de cette course.

Hier, au plus mou des échanges, le très paisible Gilles Gougeon (le modérateur de ces rencontres) s'est même senti obligé de rappeler aux quatre concurrents qu'ils étaient engagés dans un... débat.

Des débats, il n'y en a pas vraiment eu dans cette longue course qui arrive (enfin!) à terme. Quelques accrochages, certes, une belle performance d'un négligé (Alexandre Cloutier) et un flou artistique agaçant du meneur, Pierre Karl Péladeau. En fait, les moments marquants de cette course, qui a débuté il y a sept mois, auront été les désistements de Jean-François Lisée, en janvier, et de Bernard Drainville, il y a deux semaines. Le premier a jeté l'éponge de dépit, annonçant une victoire inéluctable de PKP; le second s'est rallié, déposant douloureusement les armes aux pieds du vainqueur présumé. Hier, à Rimouski, M. Drainville n'était même pas dans la salle pour cet avant-dernier débat. Peut-être suivait-il le débat sur YouTube, comme quelque 800 autres âmes esseulées devant leur écran d'ordinateur en ce magnifique dimanche de mai.

Ce quatrième débat, de loin le plus consensuel (lire: ennuyant), portait sur la culture et le développement régional, deux sujets «tarte aux pommes» par excellence. Les régions, tous les partis disent vouloir les défendre et la culture, personne n'est contre, évidemment. Sur ce sujet, Alexandre Cloutier aura sans doute marqué des points (ou, à tout le moins, attiré l'attention) avec ses propositions détaillées. Sur la question du développement régional, Pierre Céré s'est démarqué comme le plus près des préoccupations des travailleurs et des jeunes des régions. Difficile de dire quel avenir attend Pierre Céré au sein du PQ au lendemain de cette course (il a été candidat, défait, dans Laurier-Dorion en 2014), mais il aura démontré au cours des derniers mois une belle indépendance d'esprit et des talents innés de communicateur. Des conversations que j'ai eues avec lui, je l'imagine très mal, cela dit, continuer de militer dans un Parti québécois dirigé par PKP.

Pas de véritables débats, donc, dans ce quatrième affrontement. L'exercice ressemble davantage, en cette fin de course, à la finale de La voix: quatre concurrents, dont le favori qui chante des hits souverainistes rose-bonbon que les membres du PQ veulent entendre; un challenger talentueux qui s'est démarqué par quelques notes audacieuses et un charme certain; une mélomane appliquée qui connaît ses classiques et un outsider à la belle voix qui pousse le folk-rock du travailleur-prolo-souverainiste sincère mais trop grinçant pour l'auditoire.

Ce débat de Rimouski aura démontré, une fois de plus, que les militants du PQ semblent prêts à se satisfaire d'un nouveau chef qui se borne à leur promettre (combien de fois l'a-t-il encore dit hier?) de «faire du Québec un pays». Comment? Quand? Avec qui? Bof, détails triviaux, apparemment. Mais comme ses adversaires n'osent le confronter sur la scène des débats, les réponses attendront.

On verra bien si le cinquième et dernier débat donne lieu à quelques étincelles, jeudi, à Montréal, mais les sujets à l'ordre du jour (la langue, en particulier) laissent présager une autre belle unanimité.

À défaut de débats, nous avons plutôt droit, depuis quelques jours, à une guerre psychologique entre les clans Péladeau et Cloutier.

PKP a diffusé cette semaine une liste de 101 personnalités l'appuyant (toujours pas de nouvelles du spectacle de fin de course, toutefois) ou, pour être plus précis, qui saluent son appui de longue date à la culture québécoise. Débat sémantique, il va sans dire. À ce stade-ci d'une course à la direction d'un parti, si vous signez une lettre reconnaissant les mérites d'un candidat, c'est, entendons-nous, une forme d'appui, non?

Hier, le clan Cloutier a diffusé les résultats d'un sondage interne indiquant une lutte plutôt serrée entre le meneur, PKP, et son jeune challenger. Martine Ouellet a répliqué en disant que selon son pointage, c'est elle qui est deuxième.

Qui croire? Difficile à dire, mais pour le moment, mieux vaut se méfier des spins de fin de campagne. La vraie réponse est entre les mains des quelque 70 000 membres du PQ qui voteront du 13 au 15 mai.

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