Qu'est-ce qui a bien pu se passer avec François Legault pour qu'il devienne soudainement aussi bon, hier soir, lors du face à face de TVA, lui qui a été plutôt ordinaire la semaine dernière?

L'énergie du désespoir? La confiance résolue de quelqu'un qui n'a plus rien à perdre? Ou le déroulement du débat à TVA, qui a fait la part belle à l'économie, surtout lors de la première heure?

Un peu de tout ça, sans doute. En tout cas, il s'en est très bien sorti, hier soir, ce qui fait de lui, à mes yeux, le vainqueur, mais il est probablement trop tard.

Pendant un long moment, le chef de la CAQ a argumenté avec Pauline Marois, ce qui, dans le fond, aura bien fait l'affaire de Philippe Couillard, qui, lui, a navigué à travers les échanges sans trop de mal. Jusqu'au moment où la langue s'est invitée dans le débat.

Oh là là, pénible passage. À l'époque où il était premier ministre, Jean Charest disait parfois à son caucus que le Parti libéral ne peut gagner une élection sur la langue, mais qu'il peut en perdre une là-dessus. Le PLQ ne perdra peut-être pas ces élections à cause de la langue, mais s'il devait gagner, ce ne sera certainement pas grâce à la performance de Philippe Couillard en la matière hier soir.

Les employés d'une chaîne de montage doivent parler anglais au cas où un client américain ou britannique visite leur usine, a-t-il dit. Vraiment? Françoise David lui a demandé s'il trouvait juste qu'une personne à la recherche d'un emploi doive parler anglais.

On a très vite compris dans ce face à face qui était en tête de la présente campagne. Rapidement, toutes les attaques ont été dirigées vers le chef du PLQ. Sur les questions économiques, il s'en est assez bien sorti, mais il a été moins convaincant sur les questions identitaires. Pour la deuxième semaine de suite, François Legault est revenu, c'était prévisible, sur la question d'une hypothétique policière en hijab. Question surréaliste, peut-être, mais pour la deuxième semaine de suite, le chef du PLQ a patiné.

Auparavant, le chef libéral avait eu une soirée plus relaxe, profitant de la performance d'un François Legault particulièrement allumé. Pendant de longs moments, M. Legault a asticoté Pauline Marois, ce qui faisait sûrement le bonheur du chef libéral. Il y a eu aussi de longs échanges Legault-David.

À un moment donné, Mme Marois s'est même plainte (non sans raison, m'a-t-il semblé) de ne pas avoir assez de temps de glace.

On dirait que le chef de la CAQ a reculé dans le temps, atterrissant en août 2012, lors de ses premiers débats comme chef de la CAQ.

Il a été particulièrement bon sur les questions économiques, notamment lorsqu'il a parlé de la dette du Québec.

Si Philippe Couillard a pu profiter, peinard, des charges de François Legault contre Pauline Marois, celle-ci a certainement apprécié cette (autre) excellente performance de Françoise David contre Philippe Couillard. C'est Mme Solidaire qui a embêté le plus sérieusement le chef libéral sur son compte à l'île de Jersey.

Où cela nous mène-t-il, à 10 jours du vote?

Sur la question (toujours importante) de la langue, Philippe Couillard sort amoché. Il a été, par ailleurs, l'objet de toutes les critiques sur les questions d'intégrité. Pauline Marois, quant à elle, n'a pas vraiment réussi à s'imposer. François Legault a très bien fait, mais il se fait tard. Mme David aussi a fait très bonne figure.

Ça change quelque chose?

La balle est dans le camp de Philippe Couillard, le meneur présumé de cette campagne et le perdant de ce deuxième et dernier débat.

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«Sous les libéraux, la dette a augmenté de 7 milliards par année. Sous le PQ, 8 milliards. C'est encore pire!»

- Pauline Marois

«C'est comme d'habitude, vos idées commencent bien, mais ne tiennent pas la route. Vous parlez de ménage, mais ça finit par du saccage.»

- Philippe Couillard à François Legault