Le chat aurait-il trouvé encore une fois une nouvelle vie?

Il est trop tôt, évidemment, pour dire si les astres seront plus favorables à Jean Charest en 2011 qu'ils ne l'ont été en 2010 mais, chose certaine, le chef libéral semble avoir retrouvé le goût de se battre.

La séquence des événements des derniers jours, dont le remaniement ministériel constitue le dernier élément, n'est pas nécessairement gage d'une remontée du gouvernement libéral, mais elle répond à une question que bien des Québécois se posent depuis un bon moment : Jean Charest partira-t-il ou restera-t-il?

Visiblement, le premier ministre n'est pas prêt à partir, et il semble disposé à prendre des moyens pour tenter de freiner sa chute.

Le petit réaménagement de son conseil des ministres, hier, n'est certes pas spectaculaire, mais il est déjà plus constructif que la grande ronde d'août dernier, qui nous avait finalement donné la même photo de famille avec quelques membres simplement assis sur une autre chaise.

D'abord, contrairement à l'exercice défensif d'août, trois nouveaux visages entrent au cabinet (ou y reviennent, dans le cas de Geoff Kelley). Ensuite, ce remaniement envoie trois messages aux députés et aux militants: il est possible, à force de travail et de loyaux services, d'atteindre le conseil des ministres (Pierre Moreau aux Affaires intergouvernementales canadiennes); la compétence est parfois reconnue et récompensée (Alain Paquet, délégué aux Finances); les anglophones ont aussi leur place dans ce parti qui, souvent, semble les tenir pour acquis (Geoff Kelley aux Affaires autochtones).

Cela ne règle pas les deux problèmes les plus épineux du gouvernement Charest, à savoir son refus de déclencher une enquête publique sur l'industrie de la construction et l'exploitation pour le moins désordonnée du gaz de schiste. La session reprend mardi, à Québec, et l'opposition a déjà fait savoir qu'elle reviendra à la charge sur ces deux dossiers.

Ce remaniement n'apporte pas non plus de sang neuf sur la première ligne. Jean-Marc Fournier, Nathalie Normandeau et Robert Dutil (ainsi qu'Yves Bolduc, un peu éclipsé depuis quelques mois par les débats sur la construction et le gaz de schiste

forment toujours le premier trio de Jean Charest. Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, qui a tenu des propos contradictoires à propos de l'exploitation du gaz de schiste depuis quelques semaines, devrait aussi obtenir un peu plus de temps de glace.

Quoi qu'il en soit, ces légers ajustements au conseil des ministres renforcent l'équipe en général.

L'exercice d'hier, en plus des nombreux gestes qu'a accomplis le gouvernement depuis une semaine, indique surtout que Jean Charest entend se défendre plutôt que de jouer le rôle du sac d'entraînement comme il l'a fait l'automne dernier. À force de le voir encaisser les coups, on pensait que Jean Charest irait au plancher, mais il a apparemment eu un regain d'énergie durant la pause des Fêtes.

Au cours des derniers jours, il a annoncé l'arrivée d'un nouveau chef de cabinet, il a nommé Diane Lemieux à la CCQ, il a vu Lucien Bouchard prendre en main les destinées de l'industrie du gaz de schiste. Par ailleurs, il prépare un discours inaugural et prévoit des annonces importantes en santé, en plus de changements dans son bureau (exit Chantal Landry).

M. Charest doit aussi être ravi d'entendre Pauline Marois parler de nouveau de référendum et de souveraineté. Pour les libéraux, quel beau sujet de diversion! Chaque fois qu'il sera question d'économie ou de développement, le gouvernement reprochera au Parti québécois son «obsession référendaire».

Ajoutez à cela les premiers résultats de l'opération Marteau, et le paysage semble soudainement moins sombre pour les libéraux.

Cela ne veut pas dire que Jean Charest est sur une lancée et que les Québécois lui donneront une nouvelle chance. Cela démontre, toutefois, qu'il n'est pas encore prêt à jeter l'éponge.