C'est Infoman qui va être content: une autre course à la direction de l'ADQ!

Sauf que dans l'état de ridicule avancé dans lequel se trouve l'ADQ, Omar Bongo ne désignera pas seulement le prochain chef, il risque de le devenir!

Blague à part, on peut légitimement se demander qui voudrait encore diriger un parti dans cet état. Cela équivaut à être promu capitaine du Titanic après la collision avec le légendaire iceberg.

 

D'autant plus que le tout nouveau futur ex-chef, Gilles Taillon, a annoncé hier qu'il avait appelé la police pour vérifier des «aspects troublants dans le financement du parti en 2003».

Autrement dit, non seulement M. Taillon démissionne moins d'un mois après avoir pris la tête de son parti (c'est sans doute une première dans l'histoire politique québécoise), mais il a appelé la police avant de quitter la maison en ruine.

M. Taillon n'avait pas le choix de démissionner. Sa légitimité comme chef, quoi qu'il en dise, était sérieusement remise en question par son élection controversée, et sa crédibilité a été minée par le départ fracassant de deux de ses députés, la semaine dernière.

La première tâche de Gilles Taillon, après son élection, était de souder son caucus en s'assurant d'abord et avant tout de la loyauté d'Éric Caire. Il a lamentablement échoué à cette tâche, frustrant encore davantage son ancien rival.

En public comme en privé, les adéquistes se déchaînent les uns contre les autres. En point de presse, après l'annonce de son chef, François Bonnardel a parlé de «sabotage» en faisant référence à Éric Caire, pour nier ensuite cette accusation.

M. Caire, quant à lui, a confirmé qu'il tournait définitivement le dos à l'ADQ, à laquelle Gilles Taillon aurait selon lui causé «un tort irréparable».

Sous le couvert de l'anonymat, les commentaires des pro-Taillon sont aussi assassins à l'endroit d'Éric Caire.

«C'est Caire qui a détruit le parti de l'intérieur, maugrée un organisateur de longue date de l'ADQ. L'ADQ est formée de péquistes et de libéraux enragés qui sont venus chialer dans un nouveau parti. Nous manquons de discipline. Quand tu n'aimes pas ton chef, tu l'endures, tu fais passer le parti avant et tu attends que ce chef-là s'en aille, comme les péquistes ont fait avec André Boisclair ou les libéraux fédéraux avec Stéphane Dion. Même chez les libéraux provinciaux, on ne peut pas dire que Jean Charest ait toujours plu à tout le monde, mais les libéraux ont été disciplinés et ils ont fait passer leur parti avant leur frustration.»

À supposer qu'un ou des candidats se manifestent pour remplacer Gilles Taillon, les défis qui se dressent aujourd'hui devant ce parti sont incommensurables: refaire l'unité du caucus (stopper l'hémorragie, notamment pour garder le statut de parti officiel à l'Assemblée nationale), retenir les membres restants et en attirer d'autres, remettre de l'argent dans la caisse du parti...

Le plus simple (et le moins coûteux) pour l'ADQ serait de désigner un nouveau chef rapidement, idéalement un membre du caucus, avec l'appui de membres influents du parti (en reste-t-il?). Il y aura assurément des pressions sur Gérard Deltell, qui avait décidé de passer son tour lors de la précédente course, mais qui pourrait être tenté de plonger cette fois.

Reste tout de même un autre pépin de taille: la police est dans la maison, appelée par Gilles Taillon.

En plus de tous les problèmes d'organisation, de finances et carrément de survie de l'ADQ, le nouveau chef devra vivre avec les résultats d'une enquête policière sur les activités du parti.

Le nouveau chef aurait peut-être intérêt à attendre que Gilles Taillon et la direction du parti passent la «mop» avant de prendre la relève. Cela, par contre, ne ferait que prolonger une situation invivable avec M. Taillon à la tête de l'ADQ.

M. Taillon a parlé hier d'«aspects troublants dans les finances du parti», dégoupillant une autre grenade dans la cour de l'ADQ.

Les députés de l'ADQ avaient déjà perdu passablement de poids à l'Assemblée nationale, voilà maintenant qu'ils ne pourront plus poser de questions sur la corruption sans se faire ridiculiser par les libéraux et le PQ.

De quoi s'agit-il? Le chef démissionnaire ne l'a pas dit. On sait toutefois qu'il a lui-même décidé, le 28 octobre, 10 jours après son élection comme chef, de rompre les liens entre l'ADQ et le sénateur Leo Housakos, important organisateur du premier ministre Stephen Harper au Québec.

Le nom du sénateur Housakos a fait les manchettes récemment, notamment dans des histoires impliquant l'entrepreneur Tony Accurso.

Par ailleurs, Mario Dumont a admis le mois dernier que son ancien parti avait eu des liens avec M. Accurso, ajoutant que les partis politiques n'ont pas le choix d'accepter les dons des grandes entreprises de construction pour survivre.

«Tous les gens qui sont dans cet environnement: M. Accurso, les firmes d'ingénieurs, les firmes de construction, etc., tous les politiciens les connaissent. C'est eux qui construisent au Québec. C'est eux qui construisent le Québec. C'est eux qui ont les projets pis tout ça», avait-il déclaré au Journal de Montréal.

Puis, M. Dumont avait ajouté, avec son proverbial sens de la formule: «Le Parti libéral ramasse plus d'argent qu'Opération Enfant-Soleil. Je ne sais pas s'il y a du monde assez niaiseux pour penser que ça se ramasse à coups de deux piastres. Les activités qui rapportent, ça vient de la communauté des affaires pour beaucoup.»