Je cours avec mon fils Victor depuis qu'il est bébé. Avant, c'était avec sa grande soeur, Béatrice.

Ils ne savaient même pas encore marcher qu'ils couraient déjà avec moi plusieurs fois par semaine. Et je les pousse tellement qu'ils finissent toujours devant moi au sprint final.

Non, non, inutile d'appeler la DPJ, je ne les pousse pas au sens propre, comme le papa des soeurs Williams, un vrai bourreau de la raquette.

Mon fiston de 3 ans finit toujours devant moi. C'est même un running gag (s'cusez le jeu de mots facile...) entre lui et moi, parce qu'il est bien assis dans la Victor-Mobile, la grosse poussette à trois roues Trek qui s'adapte aussi derrière une bicyclette.

Faut voir la bouille de fiston quand je lui dis: allez hop, dans la Victor-Mobile, on s'en va faire un tour. Avec son inséparable doudou jaune, quelques biscuits secs et un bon jus, le petit bonhomme a le meilleur siège en ville.

Régulièrement, quand le vieux pompe l'huile en arrière, on entend un retentissant: «Allez, allez, plus vite, Papa!»

Plus vite, plus vite, facile à dire, mais le «petit» pèse tout de même plus de 15 kg et ça paraît sur le «moteur», surtout dans les montées.

Après sept ou huit kilomètres à commenter le paysage et à me crier ses ordres comme un skipper sadique à son équipe de rameurs, il finit toujours par s'endormir du sommeil du juste.

«Profites-en, mon petit bonhomme, un jour, quand je serai vieux, tu pousseras ma chaise roulante...»

Je n'ai aucunement l'ambition de faire de mes enfants des coureurs de fond d'élite, mais si ces petites virées en poussette leur donnent, plus tard, le goût de bouger et de courir, tant mieux.

Même que j'aimerais bien courir avec eux, dans 10 ou 15 ans. Ils ne seront plus dans une poussette, mais comme je serai alors encore plus vieux (et eux, vraiment jeunes), je finirai encore derrière...

C'est pas juste.