Politiquement, on sait où logent nos chefs politiques.

Mais en matière de vin, sont-ils plutôt rive gauche ou rive droite? Classique ou aventurier? Corsé ou léger? Et puis, pour commencer par le commencement, rouge ou blanc?

À la faveur de la campagne électorale qui s'achève, je vous propose une rencontre de mes deux mondes préférés, la politique et le vin, en demandant aux chefs de nos cinq principaux partis ce qu'ils boivent.

 

Après tout, le vin a occupé une place inattendue dans la présente campagne. Je me suis retrouvé dans un vignoble à Saint-Eustache pour la première visite de Stephen Harper au Québec (le vignoble Rivière du Chêne). J'ai aussi rencontré un candidat conservateur (Jean-Pierre Bélisle, dans Laval), propriétaire d'un autre vignoble de cette région (La roche des brises), de même qu'un candidat libéral qui a dû vendanger en même temps qu'il faisait campagne (Denis Paradis, dans Brome-Missisquoi). Et j'ai découvert un superbe bar à vin dans la rue Des Forges à Trois-Rivières (La coupe au livre) au gré de mes pérégrinations de campagne.

Voilà donc, pour compléter le tableau, les préférences viticoles des chefs, à l'exception de Stephen Harper, le seul à ne pas avoir répondu. De toute façon, selon Maxime Bernier, M. Harper préfère le Pepsi, ce qui ne cadre pas vraiment dans cette chronique.

Jack Layton, chef du NPD, a un faible pour la Colombie-Britannique. Pas seulement parce que c'est un terreau fertile aux néo-démocrates, mais aussi parce qu'il affectionne particulièrement les vins rouges de la maison Nk'Mip, en particulier le Pinot Noir et le Meritage. Notez au passage le choix «politically correct» de ce bon Jack, qui a choisi le premier vignoble appartenant à des autochtones au Canada.

Stéphane Dion, lui, craque pour les Cahors, ces vins chauds, costauds et riches du sud de la France. Dans le blanc, le vin préféré du chef libéral est le riesling.

Du côté des verts, la chef Elizabeth May, sans surprise, boit bio et local, ce qui veut dire qu'elle choisit toujours les vins de la région où elle se trouve (pour favoriser l'économie locale et diminuer le transport).

Bonne vivante, Mme May «adore le vin rouge, c'est sa boisson préférée», dit son attachée de presse, Camille Labchuck.

Le dernier, mais non le moindre en matière de connaissances et d'intérêt pour le vin, Gilles Duceppe.

Le chef du Bloc, grand épicurien, fait honneur à la joie de vivre distinctive des Québécois.

«M. Duceppe est très curieux et aime faire des découvertes, nous apprend son attachée de presse, Karine Sauvé. Il apprécie beaucoup les vins italiens, ceux de la région du Rioja en Espagne et ceux du Nouveau Monde (plus particulièrement les vins chiliens et argentins). Comme il aime beaucoup cuisiner, l'accord mets-vin prend toute son importance.»

Donc, poissons et vins alsaciens (rieslings et les pinots gris), par exemple, et vins de glace québécois pour les desserts.

En rouge, M. Duceppe et sa femme Yolande, ont un faible pour le goût et le rapport qualité-prix des Côtes du Rhône et de la région du Languedoc.

Voilà, cela ne changera probablement rien à votre choix, mardi dans l'isoloir, mais vous savez maintenant ce que boivent nos chefs politiques.

Appel à tous

Pour rester dans le vin et la politique, voici un petit concours pour vous divertir un peu en cette fin de campagne électorale.

Comme vous le savez sans doute, l'ancien ministre libéral Alfonso a obtenu une subvention du gouvernement fédéral pour acquérir un vignoble à Dunham.

M. Gagliano commercialisera son vin sous son propre nom, une stratégie de marketing qui en a laissé plus d'un perplexe.

Avez-vous une meilleure idée?

Question d'aider un peu notre vigneron d'occasion en manque d'inspiration pour son étiquette, soumettez-moi vos suggestions, je publierai les meilleures dans les prochaines semaines.

Comme cette chronique n'est pas commanditée, il n'y a rien à gagner, sinon, bien sûr, l'honneur de voir votre suggestion publiée.

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Moins de 20$

Torres Cabernet-Sauvignon Gran Coronas Penedès, 19,95$ (S, 36 483)

Ce que l'Espagne fait de mieux, par une maison à la fiabilité légendaire, et à un prix acceptable (quoique ce vin se vendait autour de 17$ il y a quelques années à peine et qu'il est offert à 18,95$ en Ontario). Fruits noirs et prunes, avec une touche de tabac et de réglisse. En plus, ce «petit» gagne toujours en cave, disons quatre ou cinq ans.