Il y a deux ans et huit mois, Marina et Julien étaient au bord du précipice financier. Le couple était déterminé à éliminer ses dettes. Mais au lieu de les aider, leur institution financière leur avait plutôt offert davantage de corde pour se pendre, comme je l’avais dénoncé dans une chronique sur les prêteurs irresponsables.

Du crédit ! Encore plus de crédit à taux élevé !

Aujourd’hui, je me réjouis de voir que la situation a changé, tant pour Marina et Julien* que pour les institutions financières.

Depuis le 1er août, la Loi sur la protection du consommateur (LPC) force les prêteurs à évaluer la capacité de remboursement des clients avant de leur accorder du crédit. L’an dernier, l’Autorité des marchés financiers avait aussi émis une directive sur le traitement équitable des consommateurs en matière de crédit. Et la Loi sur les banques vient d’être renforcée dans le même sens.

Voilà de bonnes nouvelles ! Reste à voir si les institutions se plieront de bonne grâce à ces beaux préceptes et cesseront d’accorder des cartes de crédit à des clients surendettés comme Marina et Julien.

Heureusement, le couple a résisté à la tentation. « Deux ans et huit mois plus tard, nous avons officiellement réussi à rembourser nos 43 000 $ de dettes de consommation, malgré de nombreuses autres offres d’augmentation de limite de crédit au cours de cette période », raconte Marina.

Elle est fière d’avoir persévéré. À juste titre.

« Pour vrai, on se sent tellement bien. On n’a plus aucun poids sur les épaules. On peut mettre notre argent sur les choses qu’on veut vraiment… sans intérêts », me dit la jeune femme qui est heureuse de partager sa recette.

Un objectif précis

D’abord, il faut accepter qu’il y a un problème. Marina et Julien, qui ont d’excellents revenus, avaient toujours dépensé sans se poser de questions. C’est un premier retard de paiement qui leur a fait réaliser à quel point ils étaient perdus dans leurs finances. Le couple sans enfants dans la jeune trentaine a alors décidé de rembourser ses dettes au plus vite. Trois mots d’ordre : volonté, patience, organisation.

Un budget cool !

Marina est excitée de me montrer un chiffrier Excel sur son téléphone cellulaire. C’est le budget du couple. D’un côté, les revenus, de l’autre, toutes les dépenses avec des codes de couleur. « Avec ça, il n’y a plus aucune excuse. Tu vois tout. Tu es comme omniscient ! », rigole-t-elle. Très visuelle, elle a aussi conçu un graphique dynamique qui lui a permis de suivre le remboursement de ses dettes en temps réel. « C’est motivant, dit-elle. On voit ça bouger. »

Prévoir les grosses dépenses

Pour éviter les écueils, il est indispensable de prévoir les grosses dépenses qui déstabilisent un budget. Marina et Julien les ont classées par catégories : entretien de l’auto, réparation de la maison, cadeaux, etc. Pour chaque poste, ils ont créé un onglet dans leur compte bancaire chez Tangerine. À chaque paie, ils déposent un montant dans ces différents sous-comptes. « On voit full bien », s’enthousiasme Marina. Quand la dépense survient, l’argent est là. Plus besoin de payer à crédit.

Le couple au diapason

Marina et Julien se connaissent depuis l’école secondaire. Les amoureux se sont endettés ensemble. Et ils ont fait les efforts pour s’en sortir ensemble. Chacun a encouragé l’autre à résister à ses péchés mignons : la vaisselle pour elle, les bidules électroniques pour lui. « Tu ne peux pas faire ça si les deux n’embarquent pas à 100 % », estime Marina.

L’entourage en appui…

Le couple a aussi averti la famille et les amis de leur situation pour s’assurer qu’ils ne les poussent pas dans la mauvaise direction. Souper à la maison au lieu d’aller au resto. Privilégier des activités qui ne coûtent pas grand-chose. L’endettement est indissociable de la vie sociale.

… mais pas trop

Quand les parents de Marina ont pris connaissance de sa situation, ils ont voulu lui prêter de l’argent, sans intérêts. C’était une solution logique qui aurait permis de rembourser plus rapidement. Mais Marina a refusé. « On croyait qu’on apprendrait mieux la leçon en nous débrouillant nous-mêmes », dit-elle.

Sans compter que les prêts familiaux peuvent créer des tensions malsaines, surtout si l’emprunteur est tenté de sauter un paiement. À la banque, pas le choix : « Tu as des engagements, tu ne peux pas te défiler », dit Marina.

Consolider les dettes

Marina et son conjoint ont plutôt consolidé leurs dettes. Ainsi, ils ont éliminé le solde de deux cartes de crédit à 19,95 % qu’ils ont refinancé avec un prêt à la consommation à 12,5 %. Leurs intérêts ont fondu. Et ce prêt leur a imposé une discipline de remboursement. « Ça force à rembourser plus rapidement. On ne peut pas sauter un paiement ou payer juste le minimum comme sur une carte de crédit », dit Marina.

Besoin ou désir ?

Pour revoir ses dépenses, Marina a adopté le mantra de son père : « Est-ce un besoin ou un désir ? » Même si ce n’est pas facile dans le monde actuel, le couple a changé son état d’esprit pour trouver des gratifications ailleurs que dans la consommation.

Les voyages et les restos sont passés à la trappe. Le budget d’épicerie a fondu de moitié. Finis le steak et les pétoncles. Finis les plats préparés. Désormais, Marina cuisine beaucoup plus en grande quantité. Elle prépare des plats qu’elle peut séparer en portions et congeler.

Plaisir d’occasion

Si motivés soient-ils, Marina et Julien ne voulaient pas se retrouver comme des gens qui font un régime trop draconien et reprennent ensuite tout leur poids. Alors le couple s’est permis des plaisirs occasionnels. Par exemple, il a cessé complètement de voyager pendant trois ans. « De la torture ! », lance Marina à moitié en blague. Mais le couple s’est payé une escapade d’un week-end.

Ces petits écarts contrôlés, à des moments où l’envie de dépenser était très forte, ont permis au couple de se rendre jusqu’au bout sans craquer.

Le pied sur le frein

La voiture est le plus gros poste de dépenses des ménages, après le logement. Alors, Marina et Julien ont mis le pied sur le frein. Quand leur véhicule a été entièrement payé, ils l’ont conservé plutôt que de retourner chez le concessionnaire. Au lieu de 600 $ par mois pour une voiture neuve, ils ne dépensent plus que 250 $ par mois pour les inévitables réparations de leur véhicule d’occasion. Une différence de 350 $ par mois, soit 4200 $ par année. Wow !

Comptant ou Interac

Petit truc efficace : Marina et Julien ont pris l’habitude de tout payer comptant ou par Interac. C’est moins tentant qu’avec des cartes de crédit. Au début, ils retiraient un montant prédéterminé chaque semaine pour leurs dépenses courantes. « Tu as l’argent que tu as », dit Marina. Impossible de dépenser quand le portefeuille est vide.

Les bonus à profit

Enfin, le couple a utilisé tous les bonis du travail pour accélérer le remboursement de ses dettes, ce qui a permis de sortir du rouge 14 mois plus tôt. Pas facile de résister à l’envie de s’acheter quelque chose quand il y a de l’argent qui tombe du ciel. Mais ça fait une grosse différence.

¡ Viva la libertad !

Maintenant que le remboursement des dettes est terminé, le couple récupère 1900 $ par mois. « On gère notre budget de main de maître et, honnêtement, on apprécie tellement plus ce que l’on a », assure Marina. Pour célébrer, le couple vient d’aller en Irlande. « ¡ Viva la libertad ! », s’exclame Marina.

* Nous avons modifié les noms pour préserver l’anonymat du couple en milieu de travail.