Enfants, aînés, handicapés, travailleurs à faibles revenus... Il y a un petit peu de tout pour tous les goûts dans le dernier budget libéral. Mais rien de majeur. Rien d'extravagant. Rien qui permettrait de reprocher au ministre des Finances Carlos Leitão de «garrocher de l'argent», selon ses propres dires, pour séduire les contribuables à six mois des élections.

Lors de la mise à jour économique de novembre dernier, qui avait des allures de minibudget, les économies d'impôt de 1 milliard de dollars accordées aux particuliers avaient été accueillies avec cynisme par la population, qui avait jugé cette manoeuvre particulièrement électoraliste.

Il faut dire qu'en dévoilant dès l'automne dernier la baisse de 16 à 15 % du premier palier d'imposition rétroactivement pour l'année 2017, le gouvernement s'assurait que les particuliers reçoivent un remboursement d'impôt allant jusqu'à 278 $ ce printemps en faisant leur déclaration de revenus. Quoi de mieux pour s'assurer que l'allègement fiscal saute aux yeux des électeurs!

À côté des largesses de l'automne dernier, les nouveaux cadeaux de 234 millions offerts hier aux particuliers pour l'année 2018-2019 semblent maigrichons. Mais le gouvernement a préféré garder ses munitions pour réinvestir dans les services à la population, qui a encore en travers de la gorge les années de rigueur budgétaire. Les enseignants, qui manifestaient hier matin à la porte du Centre des congrès de Québec, où se tenait le huis clos budgétaire, étaient là pour nous le rappeler.

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Même si les documents budgétaires remis aux journalistes mesuraient presque un pied d'épaisseur, Québec a résisté à la tentation d'instaurer de nouveaux crédits d'impôt tape-à-l'oeil qui font la machette... mais qui finissent par s'empiler et alourdir indûment la déclaration de revenus des contribuables.

La seule exception est la création d'un crédit d'impôt pour l'achat d'une première maison, une mesure qui est un copier-coller d'un crédit fédéral. Calculé au taux de 15%, ce crédit de 5000 $ procurera une économie d'impôt de 750 $ qui s'ajoutera à l'aide fédérale de 626 $, pour un total de 1376 $. De quoi payer le notaire.

Même si cette mesure n'est pas la mer à boire, elle donnera un petit coup de main aux premiers acheteurs qui ont du mal à acheter une maison à cause de l'ascension des prix de l'immobilier et de la remontée des taux d'intérêt.

Mais Québec aurait tout aussi bien pu réduire ou annuler les droits de mutation pour les premiers acheteurs, comme d'autres provinces l'ont fait. Pourquoi imposer une «taxe de bienvenue» si on doit ensuite amoindrir le choc avec un crédit d'impôt?

Côté habitation, Québec a aussi décidé, sans surprise, de prolonger une fois de plus le crédit RénoVert, cette fois jusqu'au 31 mars 2019. Il n'y a pas d'argent frais pour les propriétaires qui sont allés chercher le crédit maximum ces dernières années, mais le prolongement donnera la chance aux autres d'obtenir l'alléchante économie d'impôt de 10 000 $.

À force de prolonger le programme, il faudra un jour se demander si ce crédit qui favorise les rénovations écoresponsables et la lutte contre le travail au noir ne devrait pas devenir permanent.

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Question de plaire à tous, Québec a aussi annoncé de petites améliorations à une demi-douzaine de crédits existants.

Tout d'abord, le plafond des dépenses admissibles pour le crédit d'impôt pour frais de garde d'enfants va être rehaussé. Ce n'est pas trop tôt!

Pour les enfants de moins de 7 ans, ce plafond, qui était figé à 9000 $ par année depuis 2009, passera à 9500 $ en 2018. En réalité, la hausse de 5,5% ne permet même pas de couvrir l'inflation, qui a été deux fois plus forte depuis 10 ans, a calculé Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez EY.

Concrètement, le rehaussement permettra de couvrir les dépenses pour un enfant qui est inscrit à temps plein dans une garderie privée qui coûte 36,50 $ par jour.

Comme le taux du crédit varie entre 26% et 75% selon les revenus de la famille, la hausse du plafond de 500 $ se traduira par un gain annuel de 130 $ à 375 $ pour les parents qui ont un enfant de moins de 7 ans.

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Parmi les autres bonnes nouvelles, Québec va bonifier le crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience afin d'encourager les personnes de 61 ans et plus à rester au boulot plus longtemps. Une excellente idée, car les Québécois quittent le marché du travail plus tôt que dans le reste du Canada, alors que notre population active décroît.

Les travailleurs à faibles revenus ne seront pas en reste, puisque Québec donnera du muscle à son bouclier fiscal, un mécanisme fort utile qui évite que les travailleurs subissent un choc fiscal trop grand lorsqu'ils retournent sur le marché du travail.

Quoi d'autre?

Québec va élargir un crédit d'impôt destiné aux personnes de 70 ans ou plus.

De plus, les critères du crédit pour les aidants naturels et du crédit pour les bonnes âmes qui leur prêtent main-forte seront étendus.

Vraiment de tout pour tous les goûts.