À une époque pas si lointaine, un appel outremer coûtait plusieurs dollars la minute. Complètement ruineux. Puis, Skype est arrivé, permettant de communiquer pour moins que rien partout dans le monde grâce à l'internet. Bien fait pour les géants des télécoms !

Aujourd'hui, le même phénomène est en train de se produire avec le transfert d'argent à l'étranger, une industrie drôlement opaque et lucrative dominée par les grandes banques canadiennes.

À la fin juin, la jeune entreprise anglaise TransferWise, justement fondée par un ancien employé de Skype, a annoncé son arrivée officielle au Canada.

Et l'entreprise montréalaise Meridex a créé sa plateforme web en février dernier. « J'ai eu l'idée de lancer l'entreprise en voyant combien les PME se faisaient charger comme taux de change par les banques », dit le président David Fernandez, un comptable agréé qui travaillait auparavant comme directeur des finances en entreprise.

Ces nouveaux acteurs s'ajoutent à ceux qui existaient déjà, comme Globex 2000, Calforex, Knightsbridge FX et j'en passe.

Bienvenue la concurrence ! Ça va faire le plus grand bien.

Les consommateurs ne réalisent pas à quel point la conversion des devises leur coûte une petite fortune, parce que les frais de change sont dissimulés dans l'écart entre le taux acheteur et le taux vendeur de la banque.

Pour les démasquer, voici un petit exercice. Disons que vous avez besoin d'euros. Contre 1000 $, la banque vous remettra 659 euros. Si vous rameniez immédiatement cette somme en dollars canadiens, il ne vous resterait plus que 921 $. Oups ! 79 $ sont disparus dans la double conversion, l'équivalent de frais de 3,9 % par opération que la banque a gardés dans ses coffres.

Bon, d'accord, les transactions en espèces sont plus onéreuses que les conversions en argent virtuel qui coûtent entre 2 et 3 % dans les grandes banques. N'empêche, vous perdrez énormément d'argent au change si vous devez transférer des sommes importantes à l'étranger.

Par exemple, vous laisserez 650 $ dans la conversion des devises si vous envoyez 25 000 $ au Royaume-Uni pour financer les études de votre enfant. Vous perdrez 1950 $ si vous acheminez 50 000 $ en Europe pour l'achat d'un véhicule récréatif. Et vous abandonnerez 7800 $ à la banque en transférant 300 000 $ en Floride pour payer votre nouveau condo. Fou raide !

Même chose pour les retraités installés au Canada qui se font manger par les frais de change la rente qui leur est versée par un ancien employeur à l'étranger.

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Heureusement, les nouveaux acteurs permettent de réduire considérablement les frais de conversion.

Chez Meridex, par exemple, les frais de conversion ne sont que de 0,5 % sur les transactions de plus de 10 000 $, sans aucuns autres frais. L'entreprise qui s'adresse principalement aux PME peut aussi accommoder les particuliers qui veulent convertir des sommes plus faibles. Mais les frais seront plus élevés (ex. : environ 0,7 % pour 5000 $ ou 1 % pour 2000 $). Toutefois, Meridex ne fait aucune transaction en espèces.

Ces taux restent inférieurs à ceux de TransferWise qui vise davantage la clientèle de détail souhaitant convertir des sommes moins élevées. À son lancement, TransferWise a fixé ses frais de conversion à 1,2 % au Canada, avec l'intention de les réduire avec le temps.

Mine de rien, les taux plus avantageux de ces nouveaux acteurs font une bonne différence. Si vous voulez acheter 10 000 $US, par exemple, il vous en coûtera 12 962 $ chez Meridex, une économie d'environ 190$ par rapport aux grandes banques canadiennes.

Non seulement les taux de Meridex sont plus avantageux, mais ils sont aussi plus transparents. « On voulait révolutionner le modèle traditionnel où le client ne sait jamais trop combien il paye », explique M. Fernandez.

Sur le site web de Meridex et de TransferWise, les taux de change sont clairement indiqués. Les clients savent à quoi s'en tenir, alors que dans d'autres bureaux de change, il faut téléphoner pour en avoir le coeur net.

QUELQUES CONSEILS SI VOUS AVEZ UN TRANSFERT IMPORTANT À FAIRE À L'ÉTRANGER

> Jetez un coup d'oeil sur l'internet pour comparer les taux. Vous serez mieux outillé pour demander à votre institution financière de réduire son taux.

> Au-delà du taux de change, informez-vous sur les autres frais. Certaines institutions exigent des frais de transfert de 25 à 75 $ pour le virement SWIF, le système interbancaire mondial qui permet d'envoyer une somme dans une autre banque à l'autre bout de la terre de façon sécuritaire.

> Demandez combien de jours prendra l'opération : sur certaines plateformes, les clients doivent d'abord ouvrir un compte, ce qui peut prendre 24 heures, avant de procéder au transfert qui peut prendre plusieurs jours.

> Avant d'envoyer de l'argent à l'étranger, assurez-vous que la firme avec laquelle vous faites affaire est vraiment sérieuse.

> Consultez le registre des entreprises de services monétaires de l'Autorité des marchés financiers (AMF) et celui du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), qui veille au respect des règlements en vue de lutter contre le blanchiment d'argent.