Contrairement à ce que chantait Kermit, la célèbre grenouille du Muppet Show, c'est facile d'être vert... du moins pour les investisseurs.

Plus que jamais, l'investissement responsable a le vent dans les voiles. Au Canada, on compte plus de 1000 milliards d'actifs gérés en tenant compte du respect de l'environnement, de la saine gouvernance et des impacts sociaux. Un bond de 68 % en deux ans.

Désormais, près du tiers de l'industrie canadienne de l'investissement est socialement responsable. Mais c'est surtout en raison des caisses de retraite. Les particuliers, eux, sont en retard.

Mais il ne faut pas grand-chose pour les convaincre. À l'heure actuelle, moins de la moitié (46 %) des Québécois connaissent l'investissement responsable. Mais quand on leur explique le concept, les deux tiers (66 %) se disent prêts à investir de cette manière, nous apprend un sondage dévoilé aujourd'hui par le Mouvement Desjardins, en marge du jour de la Terre.

Chez Desjardins, les efforts d'éducation sont concluants. Depuis le lancement de ses portefeuilles SociéTerre en 2009, les actifs socialement responsables ont pratiquement été multipliés par 10. Ils dépassent maintenant les 2 milliards. Un détenteur de fonds Desjardins sur cinq possède des produits responsables.

Malheureusement, les autres sociétés d'investissement offrent peu de fonds responsables. Et les conseillers financiers en parlent peu à leurs clients. Résultat : les fonds responsables représentent moins de 5 % des actifs totaux des fonds communs au Canada.

Il reste du chemin à faire ! Pour mieux faire connaître l'investissement responsable, le site web Ethiquette, une plateforme universitaire indépendante, mène justement une campagne de sensibilisation ce mois-ci. Les internautes sont invités à faire part de leur témoignage en ligne pour expliquer comment ils ont pris un virage vert dans leur portefeuille.

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Certains investisseurs ont encore des réticences face aux rendements des fonds éthiques. Pourtant, il n'y a rien à craindre. Des chercheurs qui ont épluché plus de 150 études réalisées à travers le monde arrivent à la conclusion que les entreprises plus responsables affichent une performance supérieure à la Bourse.

D'autres épargnants trouvent que les fonds responsables ne sont pas assez verts à leur goût, puisqu'ils comptent des sociétés pétrolières parmi leurs plus importantes positions.

« Je comprends qu'on veuille investir uniquement dans des entreprises vertes. Mais pour apporter un véritable changement, il faut utiliser l'ensemble des approches de l'investissement responsable », répond Brenda Plant, coordonnatrice d'Ethiquette.

Pour favoriser l'émulation, les fonds responsables utilisent l'approche du « meilleur de la classe » en investissant dans les sociétés qui font le plus d'efforts dans leur secteur respectif, ce qui explique la présence de Suncor ou de la Banque Royale dans leur top 10.

« On ne peut pas simplement exclure ou ignorer les secteurs plus polluants. On obtient plus de résultats si on peut avoir un dialogue avec les entreprises », indique Rosalie Vendette, conseillère principale en investissement responsable chez Desjardins.

Étant actionnaire de Loblaw, Desjardins peut talonner l'épicier pour qu'il s'assure de la sécurité des usines où il s'approvisionne afin d'éviter d'autres catastrophes comme celle qui a coûté la vie à plus de 1100 personnes lors de l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh.

Quand les entreprises ne sont pas réceptives à leurs suggestions, les fonds peuvent faire des propositions d'actionnaires. Par exemple, Desjardins a déjà fait une proposition lors de l'assemblée d'Enbridge relativement au projet Northern Gateway. La proposition a récolté 28 % des votes et 12 % d'abstentions, un score très significatif qui a forcé la société à tendre l'oreille.

Clairement, les fonds responsables ont de l'impact. Mais encore faut-il savoir lequel choisir...

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Au Québec, Desjardins a fait figure de pionnier en lançant le Fonds environnement Desjardins, en 1990. L'été dernier, le fonds a ouvert ses horizons. Rebaptisé Fonds Desjardins SociéTerre Environnement, il investit maintenant partout dans le monde, ce qui a permis de réduire son exposition aux secteurs de l'énergie et des mines et métaux qui forment un tiers de la Bourse canadienne.

Desjardins détient aussi 50 % de NEI Investments, qui possède NEI Ethical Funds, la plus ancienne famille responsable au Canada, dont le premier fonds a été lancé il y a 30 ans.

Depuis, plusieurs autres familles sont apparues comme les Fonds Inhance IA Clarington, les Fonds Meritas, les Fonds valeurs communautaires PH & N. Le Groupe Investors offre aussi le fonds Summa. La Banque Royale a une brochette de fonds indiciels qui reposent sur l'indice Jantzi.

Le Fonds d'actions mondiales Croissance durable AGF est l'un des rares fonds au Canada qui investissent spécifiquement dans des sociétés qui offrent des solutions potentielles aux problèmes d'environnement.

Si les frais de gestion plutôt élevés des fonds communs éthiques vous rebutent - certains gobent jusqu'à 3 % de votre actif par année - , jetez un coup d'oeil du côté des fonds négociés en Bourse (FNB). Par contre, ces produits ont une approche passive : ne comptez pas sur eux pour faire une proposition d'actionnaires.

Au Canada, la famille iShares offre un FNB qui reproduit l'indice Jantzi. À la Bourse américaine, vous trouverez encore plus de choix.

Certains courtiers robots, comme WealthSimple et ModernAdvisor, peuvent même vous construire un portefeuille de FNB à prix doux. Pas besoin de se casser la tête avec la sélection, la diversification des actifs et le rééquilibrage. Tout se fait automatiquement, ce qui réduit les frais.