Pour stimuler l'économie canadienne qui flirte avec la récession et pour séduire l'électorat à l'aube d'une campagne, quoi de mieux qu'un bon vieux crédit d'impôt à la rénovation?

Dès le jour 3 de sa campagne électorale, Stephen Harper n'a pas hésité à resservir cette recette éprouvée en promettant un nouveau crédit pour la rénovation domiciliaire d'une valeur de 1,5 milliard par année.

Rien de neuf sous le soleil.

En 2013, les péquistes avaient mis sur pied un crédit pour fouetter l'économie. Les libéraux de Philippe Couillard y avaient superposé leur propre crédit dès leur accession au pouvoir en 2014. Et souvenez-vous: en 2009, les conservateurs avaient eux-mêmes offert un crédit à la rénovation pour aider le pays à résister aux effets de la crise du crédit.

Mais cette fois, c'est différent. Le crédit proposé serait permanent. Une bonne idée pour lutter contre le travail au noir.

Maison, condo, chalet. Année après année, les propriétaires auraient droit à un coup de main pour financer la rénovation de leur cuisine, la finition de leur sous-sol et toutes sortes d'autres projets d'amélioration de leur résidence.

Sans doute, l'aide fiscale séduira un grand nombre de Canadiens, puisque 69% des ménages sont propriétaires de leur maison (61% au Québec).

Les célibataires endurcis qui désespéraient peut-être d'obtenir des allégements fiscaux après l'avalanche de cadeaux offerts aux familles avec enfants (bonification de la prestation universelle pour la garde des enfants, fractionnement des revenus pour les familles avec enfants mineurs, etc.) y trouveront enfin une mesure pouvant leur être utile.

Mais il y a un bémol: si le futur crédit est non remboursable, comme l'était le crédit conçu par les conservateurs en 2009, seuls les contribuables qui paient des impôts y auront droit. Pour les autres, l'économie d'impôt n'aura aucune valeur.

Ce n'était pas le cas au provincial où les deux crédits offerts ces dernières années étaient remboursables, ce qui permettait vraiment à tous les proprios d'en profiter.

Il est encore bien tôt pour discuter des détails de cet éventuel crédit, mais si l'on se fie aux informations présentées hier par le Parti conservateur, les contribuables pourraient recevoir jusqu'à 600$ par année (500$ pour les Québécois).

En fait, le crédit de 15% s'appliquerait sur la tranche de dépenses annuelles allant de 1000 à 5000$ (le taux de crédit serait de 12,5% au Québec en considérant l'abattement fiscal).

Le crédit serait donc moins généreux que son ancêtre de 2009 qui permettait d'obtenir une économie maximale de 1350$ (1125$ au Québec).

Par contre, le crédit serait plus accessible que les récents crédits provinciaux qui s'appliquaient seulement sur les dépenses supérieures à 2500 ou 3000 $.

Mais peu importe la formule, l'idée est toujours de stimuler l'économie. Et quand on sait que les dépenses de rénovation ont grimpé de 8% en 2014 au Québec, alors que l'économie tournait au ralenti, on peut conclure que les crédits à la rénovation ont bel et bien un effet stimulant.

Mais cette fois-ci, la mesure pourrait-elle avoir l'effet inverse? C'est qu'advenant leur réélection, les conservateurs ne veulent pas l'implanter immédiatement. Ils parlent d'une mise en place en 2016-2017 ou au milieu de leur mandat «si la situation de l'économie le permet».

Dans l'attente de ce crédit, on pourrait craindre que les propriétaires ne décident de reporter certaines rénovations, ce qui porterait ombrage à l'industrie de la construction au moment même où les mises en chantier sont à la baisse au Québec.

Évidemment, avec l'économie qui tourne à vide et des finances publiques très serrées, Ottawa n'a peut-être pas les moyens de sortir de ses poches 1,5 milliard immédiatement.

Mais d'une certaine façon, les crédits à la rénovation sont plutôt un investissement qu'une dépense, car ils permettent de lutter contre le travail au noir. Le propriétaire qui veut obtenir son crédit n'a d'autre choix que de demander une facture en bonne et due forme à son entrepreneur.

Ainsi, chaque dollar investi légalement dans la rénovation résidentielle rapporte 30 cents aux gouvernements en taxes, impôts et prélèvements de toutes sortes, soit 21,5 cents à Québec et 8,5 cents à Ottawa, faisait valoir l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) devant la commission Godbout l'année dernière.

Vus sous cet angle, les crédits sont plutôt rentables.

Le hic, c'est que le crédit fédéral de 2009 était applicable à une foule de dépenses, dont l'achat pur et simple de matériel. Cette formule a le mérite d'aider les bricoleurs qui font leurs rénovations eux-mêmes. Mais son efficacité pour la lutte contre le travail au noir est plus limitée.

Cette fois, si l'on veut réellement faire la guerre à l'économie souterraine, il serait plus utile d'appliquer le crédit uniquement aux travaux réalisés par un entrepreneur.

Rénovations d'un crédit à l'autre

LogiRénov

> Crédit d'impôt remboursable provincial de 20% lancé par le Parti libéral

> Caractéristiques: Pour toucher l'aide financière maximale de 2500$, il fallait dépenser 15 500$, car le crédit s'appliquait sur les dépenses excédant 3000$.

> Dates: Travaux confiés à un entrepreneur du 25 avril 2014 au 1er juillet 2015, pour des travaux qui seront payés d'ici la fin de 2015.

ÉcoRénov

> Crédit d'impôt remboursable provincial de 20% dévoilé par le Parti québécois

> Caractérisques: Pour aller chercher le cadeau maximal de 10 000$, il fallait dépenser 52 500$, car la première tranche de 2500$ n'était pas admissible.

> Dates: Travaux confiés à un entrepreneur après le 7 octobre 2013 et avant le 1er novembre 2014.

Crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire

> Crédit d'impôt fédéral de 15% (12,5% au Québec) lancé par le Parti conservateur

> Caractériques: Le crédit s'appliquait sur les dépenses dépassant 1000$ sans excéder 10 000$, ce qui permettait d'obtenir une économie d'impôt maximale de 1350$ (1125$ au Québec).

> Dates: 27 janvier 2009 au 1er février 2010

Rénoclimat

> Subvention offerte depuis 2007 pour encourager les propriétaires à améliorer l'efficacité énergétique de leur habitation