Les automobilistes doivent être sur leurs gardes quand ils pénètrent dans l'antre du directeur commercial chez le concessionnaire. Après avoir réussi à réduire le prix de vente de 500$ en négociant ferme avec le vendeur, plusieurs se font rattraper dans le détour par le directeur commercial qui, frais et dispos, prend le relais et pimente leur facture de 2000$ ou plus.

Pour convaincre le client fatigué d'acheter une foule de produits accessoires plus ou moins utiles, plusieurs ne se gênent pas pour utiliser des tactiques de «cow-boy». Hier, l'Autorité des marchés financiers les a rappelés à l'ordre en dénonçant une série de pratiques illégales entourant la vente d'assurance de remplacement, une industrie que Québec pensait avoir assainie en 2010.

Malheureusement, les concessionnaires ne suivent pas les règles du jeu. Neuf concessionnaires Hyundai, Volkswagen, Toyota et Honda ont d'ailleurs écopé d'une sanction allant de 10 000 à 17 500$ pour chacun.

Les entorses sont nombreuses. Par exemple, certains concessionnaires font croire à leurs clients qu'ils n'obtiendront pas leur financement s'ils ne contractent pas la fameuse assurance, ce qui est complètement faux. Si ce n'est pas de la vente à pression, je ne sais pas ce que c'est! Or, l'assurance de remplacement n'est pas le seul produit que pousse le directeur commercial. Ou la directrice commerciale qui tente de vous convaincre avec son joli minois et son chandail moulant.

Il y a aussi l'assurance vie et invalidité, les garanties de toutes sortes, l'antivol, la protection contre les taches, alouette. Si vous acceptez, on vous offre en prime huit vidanges d'huile ou un traitement antirouille à la cire d'abeille!

Ne vous demandez pas pourquoi le directeur est si insistant: la marge de profit du concessionnaire sur ces produits peut atteindre de 200 à 300%, alors qu'elle est inférieure à 10% sur la vente du véhicule, indique George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

Or, vous n'avez probablement pas besoin de tous ces extras, et si c'est le cas, vous devriez magasiner, car les mêmes services sont souvent offerts pour une fraction du prix ailleurs. Voyons voir.

Assurance de remplacement

L'assurance de remplacement vous protège contre la forte dépréciation des premières années, un peu comme l'assurance valeur à neuf.

Les concessionnaires contrôlent pratiquement tout le marché de l'assurance de remplacement. Mais les courtiers d'assurances en offrent aussi. Et ça coûte beaucoup moins cher, si on se fie à une étude de l'AMF réalisée en 2010. En fait, la prime moyenne pour une assurance de remplacement s'élevait à 1555$ chez les concessionnaires, c'est-à-dire 67% de plus que la prime moyenne de 928$ chez les courtiers ou agents d'assurance. Une différence de 627$.

Assurance vie et invalidité

Devriez-vous opter pour une assurance vie et invalidité pour garantir le remboursement de votre prêt-auto? Si vous avez une assurance au travail, vous êtes déjà couvert. Inutile d'être assuré en double. Sinon, essayez de trouver une assurance ailleurs, à un prix plus raisonnable, car les commissions sont démesurées et les primes, abusives chez les concessionnaires, estime M. Iny.

Assurance retour de location

À la fin d'une location, le constructeur impose des pénalités en cas d'usure excessive du véhicule. La facture peut facilement atteindre 1000$. Mais le concessionnaire propose maintenant une assurance qui couvre à l'avance ces petits dégâts. Pour Jesse Caron, porte-parole de CAA-Québec, c'est comme si on disait au conducteur: «Ne faites pas attention au véhicule.» Moralement douteux.

Garantie prolongée

Le directeur commercial offre aussi des garanties supplémentaires qui peuvent être intéressantes si vous achetez un véhicule plus susceptible de briser et qui coûte plus cher à réparer (ex.: marque européenne de luxe). Par contre, l'utilité d'une garantie prolongée sera moins grande si vous optez pour une marque plus fiable (ex.: Toyota, Honda).

Pour les véhicules neufs, la garantie est offerte par le constructeur qui n'accepte pas que les concessionnaires ajoutent une marge de profit exorbitante, précise M. Iny.

Protection des pneus

Plusieurs concessionnaires proposent de gonfler vos pneus à l'azote, plutôt qu'à l'air, afin de réduire la perte de pression. Ils vous feront valoir que cela réduira votre consommation d'essence et permet d'éviter des crevaisons. Le tout pour la modique somme de 149 à 300$.

Oui, mais il faut quand même vérifier la pression régulièrement. Et ça tombe bien: au Québec, les automobilistes ont l'occasion de le faire au moins deux fois par année, au moment du changement de pneus. Si vous tenez quand même à l'azote, allez chez un indépendant qui vous demandera 5 à 8$ par pneu.

Antirouille

L'antirouille est un autre grand classique sur le menu du directeur commercial. Le concessionnaire exigera de 400 à 1000$. Chez un indépendant, il faudra compter de 50 à 120$ pour un traitement annuel ou de 300 à 500$ pour un traitement permanent.

Est-ce que vaut la peine? Oui, si vous voulez garder votre voiture longtemps et si le modèle est plus sujet à la rouille. Quel traitement choisir? Le traitement permanent est plus simple et moins salissant que les traitements annuels. Mais les deux sont efficaces. La clé, c'est la qualité de l'application. Or, la majorité des traitements offerts chez les concessionnaires laissent à désirer, selon l'APA.

Antivol

L'antivol est à considérer si vous achetez un véhicule qui fait souvent l'objet de vol. Le marquage de votre auto pourrait même être rentable, car les assureurs offrent des rabais de prime pour les voitures protégées.

Protection des tissus

Par contre, les traitements antitaches et les programmes de protection des tissus et des garnitures qui coûtent de 150 à 200$ sont superflus. Les tissus sont déjà traités en usine par le fabricant. Et si vous y tenez vraiment, achetez-vous une canette de Scotchgard et faites-le vous-même.