Ils ont beau être encore sur les bancs d'école, ils se sont prêtés à l'exercice aussi sérieusement que des pros. Les trois étudiants des HEC Montréal ont composé un portefeuille sainement diversifié, en sélectionnant méticuleusement chacun des 10 titres à partir de la liste que nous avons soumise aux lecteurs de La Presse+.

Il faut dire qu'ils ont la main. Gabriel Grenier, Antoine Camus et Yannick Martineau Goupil font partie du Fonds de placement étudiant HEC, à titre de président et de gestionnaires principaux, respectivement. Ce fonds créé il y a plus de 20 ans regroupe quelque 25 étudiants qui gèrent une cagnotte d'environ 150 000$ provenant d'organismes internes de HEC Montréal.

«C'est la bonne place pour apprendre comment ça marche d'un point de vue pratique, au-delà des cours où l'on voit beaucoup de théorie, dit Gabriel. Ça nous donne une bonne longueur d'avance.»

Un groupe s'occupe de la répartition sectorielle, en fonction de la conjoncture économique. Puis, les étudiants qui couvrent chacun des secteurs développent leur thèse d'investissement et font des suggestions d'achat ou de vente.

Le conseil d'administration formé de professeurs et de professionnels du placement s'assure que leurs décisions tiennent la route. Mais autrement, les étudiants sont véritablement à la barre du portefeuille.

Et leurs rendements sont dignes de mention. Les jeunes dépassent l'indice de référence haut la main. Depuis 12 mois, le portefeuille a grimpé de 11%, par rapport à 7,7% pour la Bourse canadienne. Depuis cinq ans, il s'est bonifié de 59%, versus 39% pour l'indice.

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Après avoir reçu mon invitation, les étudiants n'ont pas hésité longtemps à participer à notre exercice, question de donner envie aux jeunes de s'intéresser à la finance. Ils ont concocté un portefeuille à saveur «québécoise» conçu pour profiter de la croissance économique à l'international.

«Au point où on est rendus dans le cycle économique, on croit qu'on devrait favoriser la consommation discrétionnaire et les sociétés industrielles», m'ont expliqué Yannick et Gabriel, en me montrant leur thèse d'investissement sur leur ordinateur portable.

Dans la consommation, ils ont choisi l'épicier Metro, un titre plus défensif, mais bien positionné pour gruger des parts de marché dans une industrie qui poursuit sa consolidation.

Ils ont aussi sélectionné le titre de Magna International. Le fabricant de pièces automobiles devrait profiter de la croissance de la classe moyenne dans les pays émergents, croient les étudiants. Toujours dans l'automobile, ils ont opté pour le distributeur de pièces Uni-Sélect, qui profitera de l'augmentation des dépenses discrétionnaires des ménages, notamment aux États-Unis.

L'affaiblissement du dollar canadien sera bénéfique au titre de BRB, pensent aussi les étudiants, qui ont repêché le constructeur des Ski-Doo même si le titre connaît des moments plus difficiles à cause des perturbations en Russie, un marché qui lui offrait des débouchés intéressants. «On croit que BRP devrait bien s'en tirer à long terme, car il a des produits vraiment supérieurs à ceux de ses concurrents», estime Yannick.

La chute du huard favorisera les exportations, ce qui est intéressant pour le Canadien Pacifique, dont le réseau ferroviaire s'étend à travers l'Amérique du Nord. «Et il y a de plus en plus de transport de pétrole par train, car les projets d'oléoduc s'enlisent à cause du débat environnemental», souligne Gabriel.

Parmi les sociétés financières, les étudiants ont opté pour des institutions qui ont les antennes bien déployées à l'extérieur du pays. La Financière Sun Life est très bien positionnée dans les pays émergents, tandis que la Banque TD a de belles perspectives de croissance aux États-Unis.

Côté ressources, les étudiants ont préféré jouer de prudence avec Suncor, une société intégrée qui travailler autant dans l'exploration, la production et le transport que le raffinement, ce qui la rend moins vulnérable aux aléas du prix du pétrole. «C'est une grande entreprise qui contrôle bien ses coûts, ce qui l'avantage par rapport aux plus petits joueurs dans un marché difficile», dit Yannick.

Pour se mouiller dans les ressources naturelles, sans aller vers les matériaux de base, les étudiants ont mis le doigt sur le producteur d'uranium Cameco. «Le Japon va redémarrer ses réacteurs nucléaires. Après la catastrophe, les gens avaient peur de l'énergie nucléaire, qui reste une énergie propre. La demande d'uranium va reprendre», pensent-ils.

Enfin, ils ont glissé un peu de techno dans leur portefeuille avec le Groupe CGI, dont le titre n'est pas trop cher par rapport à celui des concurrents.

Et voilà! Alea jacta est. Le portefeuille des étudiants est lancé. «Tout peut arriver!», plaisante Yannick. «Il faut que l'économie aille bien pour que le portefeuille aille bien», résume Gabriel, un brin nerveux.

Allez, ne vous en faites pas trop. Ce n'est que de l'argent fictif!

Lancement de Bourstad

Parlant d'argent fictif, la 28e édition de la simulation boursière Bourstad se déroulera bientôt, soit du 9 février au 10 avril. L'idée est simple: faire fructifier durant neuf semaines un montant initial de 200 000$.

Pour de nombreux étudiants, c'est l'occasion de s'initier à la Bourse. Pour les investisseurs plus aguerris, c'est une façon de parfaire leurs connaissances ou tester de nouvelles stratégies.

Les participants n'ont rien à perdre, mais tout à gagner. Des bourses totalisant 25 000$ seront remises à l'issue du concours qui devrait accueillir 3000 participants provenant de 80 maisons d'enseignement et du grand public.

La simulation débute le 9 février 2015 et elle est précédée par une période d'essai, gratuite et ouverte à tous, entre le 26 janvier et le 6 février.

Allez-y! Inscrivez-vous

www.bourstad.ca

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