Cultivés, les Québécois? Pas quand on regarde les résultats du test présenté la semaine dernière dans nos pages. Le résultat de 42% n'a rien d'édifiant. Et devinez dans quelle catégorie les lacunes sont les plus grandes? L'économie, avec une note de seulement 34%.

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La moitié des répondants n'ont pas su reconnaître la définition d'une récession, soit deux trimestres consécutifs de recul économique. Difficile de suivre l'actualité, de saisir les grands enjeux économiques quand les connaissances de base nous font défaut.

Mais ce qui me fait encore plus peur, c'est la faiblesse des connaissances des Québécois en matière de finances personnelles.

À ce chapitre, les Québécois obtiennent la note de passage, mais de justesse: 60,1% selon l'indice de vigilance financière de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Le résultat est légèrement supérieur à celui obtenu deux ans plus tôt (58,5%). Mais il n'y a pas de quoi célébrer: les résultats demeurent préoccupants.

Par exemple, la moitié des Québécois n'ont jamais fait de plan pour déterminer s'ils épargnent assez pour la retraite. Cela n'augure rien de bon quand on sait que la moitié des travailleurs sont désormais laissés à eux-mêmes pour la planification de leurs vieux jours, faute de régime de retraite avec leur employeur.

Autre constat troublant: les épargnants qui ont un conseiller financier ont du mal à établir une relation claire et transparente avec lui. À peine le quart des Québécois faisant affaire avec un représentant lui ont déjà demandé comment il était rémunéré. Plus du tiers n'ont jamais posé de questions sur les frais chargés. Trop gênés?

Heureusement, la moitié des Québécois sont assez avisés sur le plan financier. Mais près d'un tiers de la population est ambivalente: ils savent ce qui est bon pour eux, mais n'adoptent pas toujours le bon comportement.

Avoir un coussin financier équivalent à trois mois de salaire? Oui, c'est important. Mais ils n'en ont pas. Retirer de l'argent à l'aide de sa carte de crédit? Non, ce n'est pas une bonne idée. Mais ils utilisent quand même cette solution coûteuse.

Mais le pire, c'est qu'un Québécois sur sept est vraiment un cancre des finances personnelles. La plupart du temps, il s'agit de femmes, de locataires, de personnes qui ne sont pas sur le marché du travail, de gens moins scolarisés et de personnes à plus faibles revenus.

Les lacunes peuvent leur coûter très cher. Ces personnes sont plus vulnérables à la fraude, plus susceptible de faire de mauvais choix parmi l'océan de produits financiers de plus en plus complexes.

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Comment faire pour rehausser les connaissances des Québécois?

Novembre est le mois de la littératie financière. Chaque organisme met son grain de sel. Par exemple, l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM), le chien de garde des courtiers si vous préférez, vient de lancer un nouveau quiz pour permettre aux investisseurs d'évaluer et de parfaire leurs connaissances en matière de placement (voir note à la fin du texte).

Au Québec, on dénombre quelque 150 outils et programmes pour améliorer la littératie financière. Qui fait quoi? Y a-t-il des recoupements? Des vides? Quel est l'impact réel de toutes ces initiatives? Difficile à jauger.

Pour y voir plus clair, Québec s'apprête à lancer une stratégie de littératie financière, comme beaucoup de pays l'ont fait depuis la crise du crédit. C'est la grande mode!

Même si Ottawa a déjà mis en place sa propre stratégie en 2009, Québec considère qu'il doit faire son bout de chemin. Après tout, le Québec est une société distincte, même en littératie financière. Plusieurs programmes socio-économiques sont différents. Et les intervenants ne sont pas les mêmes. Chez nous, par exemple, les associations d'économie familiale (ACEF) offrent des services qui n'ont pas leur pareil à l'extérieur de la province.

Une meilleure concertation donnerait certainement un bon coup de pouce au milieu de la littératie financière qui reste fragile et fragmenté. Certains organismes qui ont des objectifs communs se retrouvent en concurrence. D'autres manquent de visibilité ou de financement. Quand on se débrouille avec aussi peu de moyens, on ne peut pas se permettre de travailler en double.

Mais tranquillement, les choses bougent. Après des années de lobbying, les astres sont alignés pour l'arrivée d'un cours optionnel d'éducation financière dans les écoles secondaires intéressées dès l'automne 2015. Le cours de 50 heures offert en 5e secondaire abordera les questions qui touchent directement la réalité des étudiants, comme le financement des études postsecondaires, l'entrée sur le marché du travail, la consommation, etc..

Ne reste plus qu'à trouver un titre de cours «sexy» pour encourager les étudiants à s'inscrire!