Quand la Bourse était dans le creux de la vague, en 2009, Lucie Parent a décidé de plonger. Sans trop se mouiller.

Elle a investi dans un CPG boursier de la Banque Nationale qui lui offrait un rendement minimal de 1,75 % par année, mais qui lui faisait miroiter un potentiel de rendement maximal de 43 % sur 5 ans, en fonction du rendement de la Bourse.

« Je me suis dit que la Bourse était tellement basse à cette époque qu'elle ne pouvait que monter », se souvient la comptable. Cinq ans plus tard, elle est déçue. Son CPG boursier Avantage 8 Plus qui est arrivé à échéance au début de mai a progressé de seulement 16 % sur 5 ans, très loin des 43 % qu'on lui avait laissé espérer.

En fait, cette performance correspond à un rendement de 3,1 % par année. Mais ce n'est guère mieux que si Mme Parent avait acheté un certificat de placement garanti (CPG) ordinaire, il y a cinq ans. En négociant avec la Banque, elle aurait reçu environ 2,65 % par année.

Ce n'est pas la catastrophe. N'empêche, la performance du CPG boursier reste bien maigrichonne quand on sait que la Bourse a connu une des plus spectaculaires remontées de l'histoire depuis cinq ans. La Bourse a explosé de 50 % au Canada et de 100 % aux États-Unis.

Alors, pourquoi le CPG n'a-t-il pas levé ? Tout est dans la recette. Le rendement du CPG était relié à la performance d'un panier d'actions de 20 grandes multinationales, comme Suncor Énergie, Target et Nokia, procurant une diversification par pays et par secteurs, tout en offrant une protection contre les fluctuations des devises. Jusqu'ici, ça va bien.

Depuis 5 ans, ces 20 entreprises ont progressé de 34 % en moyenne. Or, la méthode de calcul du CPG prévoit qu'on attribue automatiquement un rendement de 50 % aux 8 actions les plus performantes du panier, d'où le nom Avantage 8 Plus.

À priori, cela paraît attrayant. Prenons le cas hypothétique où toutes les actions auraient stagné durant cinq ans. Huit titres verraient leur rendement majoré à 50 %, ce qui ferait en sorte que le CPG avancerait de 20 %, au lieu de zéro.

Mais dans ce cas-ci, la formule a joué contre les épargnants, car la performance exceptionnelle de 300 % du titre de British Telecom a été plafonnée à 50 %, tandis que plusieurs autres titres ont connu des contre-performances. Qui aurait pu le prévoir ? Personne.

Le problème est bien là. De plus en plus, les CPG boursiers reposent sur des formules très sophistiquées.

À moins d'avoir une maîtrise en finances, il est très difficile de prévoir comment va fluctuer le produit et quelles sont les probabilités d'obtenir le rendement maximal, même en épluchant la documentation fournie par les émetteurs pour illustrer les résultats potentiels de la recette de leur CPG.

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Malgré tout, les CPG boursiers restent un produit très populaire qui donne l'impression aux épargnants d'avoir le meilleur des deux mondes : des rendements plus élevés, sans risque de perdre son capital. Mais pour éviter les déceptions, posez-vous quelques questions avant d'investir.

Y a-t-il un rendement minimal ?

Beaucoup de CPG offrent un rendement minimal d'environ 1 à 2 % par année. Mais il s'agit de produits plus prudents dont le potentiel de rendement est généralement plus limité. On ne peut pas tout avoir !

Si vous êtes un investisseur un peu plus audacieux, allez-y plutôt avec un CPG boursier qui ne promet aucun rendement. Mais attention : si la Bourse est en baisse sur toute la période, vous ne récupérerez que votre capital initial. Rendement : zéro. On l'a vu avec plusieurs CPG de Desjardins qui se sont retrouvés au plancher lors de la crise du crédit.

Quel est le rendement potentiel ?

La plupart des CPG boursiers limitent le rendement d'une manière ou d'une autre. Certains imposent un plafond. D'autres appliquent un taux de participation, qui fait en sorte que les investisseurs n'ont droit qu'à un certain pourcentage du rendement de l'indice. Avec un taux de participation de 75 %, par exemple, vous n'aurez que 15 % de rendement si la Bourse avance de 20 %.

Mais quelques CPG boursiers ne mettent pas de balise, comme les obligations boursières du Québec de 10 ans distribuées par Épargne Placements Québec.

Y a-t-il des frais ?

Les frais des CPG boursiers sont un mystère aussi difficile à percer que le secret de la Caramilk. Sur son site internet, la Banque TD affirme même : « Vous ne payez aucuns frais lorsque vous investissez dans un CPG. »

Excusez-moi, mais les banques ne font pas du bénévolat ! Des frais, il y en a. C'est garanti. Sauf qu'ils sont imbriqués dans le produit, et les banques n'ont pas l'obligation de les divulguer, ce qui est bien dommage.

Sur certains CPG liés à un fonds commun de placement, on peut toutefois les discerner. Un exemple ? Un CPG peut gruger 2,95 % par an, soit 80 points de base de plus que le fonds sous-jacent qui prélève 2,15 % par an. C'est le prix à payer pour être certain de récupérer votre capital à l'échéance.

Quelles sont les possibilités de rachat ?

Ne comptez pas sur votre argent avant l'échéance. Si la Bourse est en baisse, la garantie ne s'appliquera pas. Et même si elle est à la hausse, vous risquez de perdre votre rendement ou de payer des frais de rachat importants (de 2 à 6 %). Si vous avez besoin de flexibilité, vaut mieux stationner vos économies dans un compte à intérêt élevé qui verse jusqu'à 1,9 %.

Et l'impôt ?

D'un point de vue fiscal, les CPG boursiers ne sont pas très avantageux, car le rendement est entièrement considéré comme des intérêts (imposables à 100 %), plutôt que comme du gain en capital (imposable à moitié) comme les actions. Mais dans un compte enregistré (REER, REEE, FERR, etc.), ça ne fait aucune différence.