Il est toujours de bon ton de s'attaquer aux frais bancaires qui font enrager les consommateurs à coups de 2 ou 3$. C'est exactement ce que le NPD fait cette semaine, à quelques jours du budget fédéral.

Il est vrai que ces petits frais s'additionnent vite, de sorte que les Canadiens laissent près de un demi-milliard de dollars aux guichets automatiques chaque année. Un Canadien dépense en moyenne 16$ par mois en frais bancaires, selon Statistique Canada, ce qui fait presque 200$ par année.

Mais dans l'industrie financière, il y a d'autres frais, infiniment plus élevés, qui passent inaperçus. Vous voulez des exemples?

Ça ne se voit pas, mais chaque fois que vous faites un achat à l'étranger avec votre carte de crédit, vous perdez 3,5% au change. Sur des achats de 10 000$, ce sont 350$ qui disparaissent.

Pis, les frais de gestion des fonds communs de placement grugent environ 2,5% de votre capital chaque année, une ponction de 2500$ sur un capital de 100 000$.

Et que dire des commissions sur les obligations, les produits d'assurances et les produits financiers structurés qui sont aussi opaques qu'une bouteille d'encre!

Tout cela peut coûter une fortune aux consommateurs, sans même qu'ils en aient connaissance, car ces frais sont dissimulés à l'intérieur des produits. C'est bien connu: ce qu'on ne sait pas ne nous fait pas mal.

Alors au lieu de dénoncer ces frais cachés, il est plus payant sur le plan politique de s'attaquer aux frais bancaires qui sautent aux yeux du grand public.

Remarquez, je n'ai rien contre la croisade du Nouveau Parti démocratique qui a déposé lundi une motion à la Chambre des communes visant à limiter à 50 cents les frais pour un retrait au guichet automatique.

Ces frais sont souvent démesurés. Disons que votre portefeuille est vide et que vous avez besoin d'argent de toute urgence. Vous courez au guichet automatique le plus proche pour retirer 20$.

Le retrait pourrait vous coûter 5,90$ au guichet d'une autre banque que la vôtre et jusqu'à 7,90$ au guichet d'un exploitant privé. Cela représente de 30 à 40% du montant retiré. Prohibitif! Les banques profitent de la vulnérabilité des clients qui sont pris au dépourvu.

Et ce n'est rien. Il peut vous en coûter 15$ pour certifier un chèque, 20$ pour bloquer un paiement préautorisé, 45$ si vous avez le malheur de faire un chèque sans provision et 50$ pour retirer de l'argent de votre REER.

Mais ne vous faites pas d'illusions. Il y a peu de chance que le gouvernement Harper, partisan du libre marché, fassent plafonner les frais bancaires.

Toutefois, les conservateurs ont promis de réprimander les entreprises qui font payer les clients pour une facture papier, reprenant ainsi une autre demande du NPD. Les frais de tenue de compte d'environ 2$ par mois ont soulevé la colère des personnes âgées qui tiennent mordicus à leur bon vieux livret de banque.

On verra jusqu'où le gouvernement ira dans son budget mardi prochain.

En attendant, les consommateurs avertis ont plusieurs moyens de réduire les frais bancaires.

La meilleure façon est d'opter pour un forfait mensuel. Afin de trouver celui qui répond le mieux à vos besoins, consultez le site de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (www.fcac-acfc.gc.ca).

Voici d'autres conseils:

> Demandez un compte à frais modiques. Plusieurs institutions en offrent. Moyennant des frais de 3,50 ou 4,00$ par mois, les clients ont droit à des dépôts gratuits illimités, et à 6 à 12 débits par mois au guichet, selon l'institution.

> Pour les jeunes: Les banques offrent des forfaits bancaires de base gratuits pour les 18 ans et moins et les étudiants. Souvent, les transactions sont illimitées. Demandez-en un.

> Pour les moins jeunes: Quelques banques offrent encore un compte sans frais et sans solde minimum aux aînés (ex.: CIBC, Scotia, BMO).

> Maintenez un solde minimal. Certaines banques offrent un forfait à prix modique (3 ou 4$ par mois) si vous gardez de 1000 à 3000$ dans votre compte en tout temps.

> Devenez virtuel. Chez ING Direct, il n'y a ni frais mensuels ni solde minimum.

> Privilégiez les transactions par internet ou au guichet. Elles coûtent moins cher qu'au comptoir.

> Faites un retrait auprès d'un commerçant en même temps que vous réglez un achat. Ça ne coûte pas un cent de plus.

> Combinez vos retraits. Retirez une seule fois un plus gros montant plutôt que plusieurs petits.

> Fuyez comme la peste les guichets de réseaux indépendants, dont les frais sont exorbitants.