L'inactivité a de grandes vertus. Bon, d'accord, ce n'est pas ce que je dis quand mon préado paresse un peu trop longtemps sur le canapé. Mais pour les épargnants, je suis convaincue que la passivité peut être une stratégie d'investissement très payante.

Comment faire? Voici une recette très simple...

Primo, évitez de brasser votre portefeuille pour rien. Si vous faites peu d'échanges, vous limiterez les frais de transaction. De plus, vous augmenterez l'efficacité fiscale de votre portefeuille, car chaque fois que vous vendez un titre, dans un compte non enregistré, vous devez payer l'impôt sur le gain en capital à la fin de l'année. En conservant vos titres plus longtemps, vous reportez l'impôt à plus tard, ce qui est toujours agréable.

Secundo, optez pour des fonds négociés en Bourse (FNB), le choix idéal pour les investisseurs passifs. Ces fonds achètent tous les titres d'un indice boursier, obligataire ou autre. Ils offrent donc une bonne diversification, comme les fonds communs de placement. Mais ils coûtent une fraction du prix, car aucun gestionnaire « actif » ne prend de décision de placement. Au lieu de payer 2,25 % en frais de gestion annuels, vous pouvez vous en tirer pour 0,25 %. Dix fois moins!

Et ce n'est pas tout. Plusieurs firmes de courtage direct permettent d'acheter des FNB sans commission (ex.: iTrade, Virtual Brokers, QTrade).

Tertio, mettez en place un programme de réinvestissement des dividendes. La plupart des firmes de courtage offrent un tel mécanisme qui permet de réinvestir les dividendes qui sont versés par les actions et les FNB que vous détenez. Vous pouvez ainsi racheter automatiquement de nouvelles actions, sans commission.

Quarto, n'oubliez pas de rééquilibrer votre portefeuille, chaque année si le marché est très houleux, ou seulement aux deux ou trois ans s'il est plutôt calme. Mais ce n'est pas la peine de chambouler votre portefeuille. Pour minimiser les frais de transaction et l'impact fiscal, profitez simplement de vos nouvelles cotisations (ou retraits) pour remettre votre portefeuille à l'équilibre, en rachetant la catégorie d'actifs qui a le moins bien fait ou en vendant celle qui a grimpé le plus.

Et voilà! En quatre étapes faciles, vous pouvez vous constituer un portefeuille solide, qui ne vous coûtera pratiquement rien.

Le seul problème, c'est que les courtiers ne vous porteront pas dans leur coeur ! Vous serez si peu payant pour eux qu'ils risquent de vous imposer des frais d'inactivité. C'est exactement ce qui vient d'arriver à Denise Dubuc...

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Cliente de Valeurs mobilières Desjardins, Mme Dubuc détient un portefeuille d'obligations de société qui lui rapporte des intérêts un peu plus intéressants que si elle achetait des dépôts à terme. Elle est satisfaite de ses rendements et de son courtier qui n'a pas fait une seule transaction dans son portefeuille en 2012. Ce n'était pas nécessaire.

Mais la cliente était très en colère quand l'adjointe de son courtier lui a annoncé qu'elle devrait payer des frais d'inactivité. En effet, VMD impose des frais de 125 $ par année lorsque les commissions sont inférieures à 500 $ pour l'ensemble des comptes d'un client ou d'un ménage.

Il s'agit d'une pratique répandue tant chez les courtiers de plein exercice que chez les courtiers directs, où les clients font leurs transactions eux-mêmes par internet ou au téléphone.

En général, les courtiers directs imposent des frais d'inactivité de 100 $ par année si vous ne faites pas de transaction. Ces frais peuvent être prélevés chaque trimestre ou chaque année.

C'est sans compter les frais administratifs imposés dans la plupart des comptes enregistrés. Pour un régime enregistré d'épargne-retraite (REER), les courtiers imposent des frais de 50 à 100 $ par année. Idem pour les comptes de retraite immobilisés (CRI) et les fonds enregistrés de revenus de retraite (FERR).

Mais plusieurs courtiers demandent un peu moins (50 $) pour les régimes enregistrés d'épargne-études (REEE) qui contiennent moins d'argent. Et la plupart n'imposent aucuns frais pour les comptes d'épargne libre d'impôt (CELI) et les régimes enregistrés d'épargne-invalidité (REEI).

Mais il est possible d'esquiver les frais administratifs ou d'inactivité.

- Gardez une certaine somme dans votre compte. La plupart des courtiers directs annulent les frais d'inactivité si votre solde est supérieur à 10 000 $. Et ils éliminent les frais administratifs lorsque vous détenez plus de 10 000 à 25 000 $.

- Regroupez vos comptes. Certains courtiers considèrent tous les actifs du client ou même du couple. D'autres retirent les frais d'inactivité pour les clients qui ont aussi un compte enregistré.

- Lisez les petits caractères. Certains courtiers n'imposent pas de frais aux personnes de 60 ans et plus. D'autres effacent les frais pour les clients qui sont inscrits à un programme d'épargne systématique.

Mais à moins de migrer chez un courtier escompteur, où elle devra se débrouiller toute seule, Mme Dubuc devra payer les frais de 125 $, comme bien des retraités qui ont un portefeuille d'obligations tout simple. C'est le prix à payer pour avoir un peu de service.