Québec vient de prendre des moyens pour contrer l'escalade du prix de l'assurance médicaments. Bravo pour les assurés de la RAMQ! Mais tant pis pour ceux du privé. Le gouvernement ne leur a donné aucun nouvel outil pour contenir la hausse de leur prime... qui coûte parfois une fortune.

Depuis lundi dernier, Québec n'applique plus la «règle du 15 ans» suivant laquelle le régime public, administré par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ), remboursait le prix d'un médicament d'origine durant 15 ans, même s'il existait des médicaments génériques moins chers.

La prochaine fois que vous irez à la pharmacie, vous constaterez donc que la RAMQ ne rembourse plus que le prix du générique sur une soixantaine de médicaments d'origine, comme le Crestor ou le Zomig. À vous de payer la différence.

Rien d'étonnant que Québec ait aboli cette règle qui favorisait la recherche pharmaceutique au Québec. La règle coûtait beaucoup plus cher depuis que le prix des génériques a fondu de 50% à 25% du prix de l'original (et même 18% à partir d'avril sur certains médicaments). Et les bénéfices n'y étaient pas : une série de grandes pharmas ont fermé leur labo, ces dernières années. Québec n'aura qu'à trouver une façon plus efficace de les retenir, sans que les 3,3 millions d'assurés de la RAMQ en fassent les frais.

Pour les 4,6 millions d'assurés du secteur privé, c'est une autre paire de manches. Les assureurs privés n'ont jamais été forcés d'appliquer la règle des 15 ans. Mais d'autres règles, imposées par Québec, les empêchent d'optimiser le recours aux génériques.

Pour contrôler les coûts, de nombreux régimes privés établissent le remboursement des médicaments originaux en fonction du prix du générique. Mais le mécanisme a de grosses limites, notamment parce que les assureurs privés sont obligés de rembourser au moins 68% du prix du médicament à l'assuré, même si le coût du générique n'est que de 18% de l'original, une contrainte que la RAMQ n'a pas, indique Mercer.

Pourquoi ne pas revoir cette règle qui provoque une iniquité? Cela permettrait au privé de profiter pleinement des économies du générique.

Autre injustice : Les assurés du secteur privé paient généralement plus cher pour les mêmes médicaments.

Du côté public, les prix sont identiques pour tout le monde et ils sont négociés serrés par la RAMQ qui est en position de force.

Rien de tel du côté privé. Les assureurs n'ont aucun pouvoir de négociation. Et les assurés sont peu sensibles aux prix qui varient considérablement d'une pharmacie à l'autre.

Dans une enquête menée en 2008, j'avais constaté des écarts de prix allant pratiquement du simple au double. Protégez-vous et La Facture, qui ont refait l'exercice, ont aussi observé des différences de prix significatives.

Sauf que bien des consommateurs ne sont pas au courant. Ils ne songent pas à magasiner leurs médicaments, surtout qu'ils paient seulement une fraction du prix à la caisse.

Pourquoi ne pas donner aux consommateurs les moyens de comparer les prix pour que le jeu de la concurrence s'applique réellement? Certains pensent que les pharmaciens devraient afficher leur prix, pour que les clients sachent à quoi s'en tenir...

En tout cas, il faut trouver des solutions, car le coût de l'assurance médicaments commence à faire mal.

Par exemple, à la Société des auteurs de radio télévision et cinéma (Sartec), la prime familiale d'assurance-maladie coûte 2240$ par année, quatre fois plus que la prime de la RAMQ qui est de 579$. La comparaison n'est pas parfaite, car la couverture du régime de la Sartec reste plus large, même si le programme a été dégraissé pour réduire les coûts. N'empêche, la prime représente 6% des revenus d'un travailleur qui gagne 36 000$.

Le fardeau devient si lourd que certains employeurs ou associations ont été obligés d'abolir leur programme. Du coup, ils doivent aussi abandonner les précieuses assurances vie et invalidité. En cas de pépin, les travailleurs se rabattront sur l'assurance-emploi et l'aide sociale. Un effet secondaire indésirable.

La pression monte chez les assurés du privé. Certains réclament la création d'une assurance médicaments publique pour tous. Mais Québec a-t-il les moyens de se priver de l'appui financier des employeurs qui paient une bonne partie de la prime de leurs employés?

Avant de tout chambarder, on pourrait tenter de rétablir l'équilibre entre le public et le privé.

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En attendant, voici quelques suggestions pour réduire les coûts de votre assurance médicaments privée.

1-Vous et votre conjoint avez accès à une assurance avec votre employeur? Comparez les deux, optez pour le programme familial du plus avantageux... et larguez l'autre. Inutile d'être assuré en double, sauf si vous êtes un gros consommateur.

2-À partir de 65 ans, les gens ont le choix de migrer vers la RAMQ, même s'ils ont accès à une assurance privée. Comparer les primes ET la couverture pour faire le meilleur choix.

3-Demandez à votre médecin s'il peut vous prescrire un médicament générique, au lieu de l'original.

4-Magasinez! Les prix varient d'une pharmacie à l'autre. Vérifiez le prix de votre panier de médicaments dans différents établissements, pour guider le choix de votre pharmacien.

5-Achetez pour plus longtemps. Si vous demandez une prescription pour trois mois, au lieu d'un seul, vous paierez les honoraires du pharmacien une seule fois, au lieu de trois.

6-La modération a bien meilleur goût. De l'exercice, une alimentation saine, moins de stress... Gardez la forme et prenez moins de pilules!