Si la plupart des Canadiens ont entendu parler de la crise de la listériose liée aux charcuteries de Maple Leaf, très peu se sont vraiment intéressés aux détails des produits rappelés. Et la moitié de ceux qui avaient des produits visés par le rappel dans leur frigo ont quand même décidé de les garder.

Insouciance? Confusion, estime plutôt le chercheur Sylvain Charlebois de la faculté d'administration de l'Université de Regina qui vient de terminer une étude sur ce cas de contamination.

Son équipe a mené un sondage auprès d'un millier de résidants des Prairies canadiennes pour voir l'impact qu'avait pu avoir la crise de la listériose liée aux charcuteries, six mois plus tard. Son groupe avait fait le même exercice il y a trois ans, lorsque des épinards avaient été contaminés par la bactérie E. coli.

Premier constat: la crise Maple Leaf a eu un impact nettement supérieur ici. Et pour cause: une personne sur trois a répondu qu'elle avait un des produits rappelés dans son frigo au moment de la crise. C'est énorme et ce n'est peut-être pas tout à fait exact, tempère le chercheur. Encore une fois, explique-t-il, les consommateurs ont entendu parler de la crise, et su qu'elle touchait des charcuteries. Ils s'en sont inquiétés, mais plusieurs d'entre eux ont arrêté là leur quête d'information en croyant que les jambons, en général, pouvaient être suspects. Car 15% des répondants ont avoué n'avoir aucune idée des produits qui ont été rappelés. Seulement une personne sur dix connaissait l'ensemble des produits rappelés. La plupart des consommateurs se situaient donc entre la connaissance et l'ignorance dans cette crise, pourtant très médiatisée. Et seulement le quart des répondants ont avoué avoir vraiment cherché de l'information durant les rappels.

En ce sens, le professeur Charlebois croit que l'Agence canadienne d'inspection des aliments a failli à sa tâche d'informer la population. «L'ACIA doit se positionner en éducateur public en temps normal, dit-il. Comme ça, en temps de crise, les gens vont se tourner vers l'Agence pour obtenir leurs informations.» Or seulement 5% des répondants sont allés consulter le site de l'ACIA pour obtenir des informations sur les rappels.

«Même si la plupart des gens s'entendent à dire que Maple Leaf a bien géré la crise, 41% des répondants affirment ne pas avoir mangé de produits Maple Leaf depuis l'automne, note aussi Sylvain Charlebois. Ils font confiance à Maple Leaf, mais peut-être qu'ils ne font plus confiance dans leur système alimentaire.»

Maple Leaf

Votre jambon vient d'un labo

Justement, une nouvelle publicité de Maple Leaf vient de faire son apparition à la télévision. Avant de montrer le jambon sur la table, on commence par présenter des images de scientifiques, en blouse blanche. Bien loin des plaisirs de la bonne chère, comme image. «Ce sont vraiment des gens qui travaillent à la recherche chez nous, précise Lynda Kuhn, vice-présidente, communications pour Maple Leaf. «Nous ne pouvions pas passer à d'autres choses, comme si ça n'était pas arrivé», poursuit-elle. «Ça», c'est bien sûr la crise de la listériose. L'entreprise voulait rappeler, une fois de plus, à sa clientèle qu'elle respecte les règles de sécurité alimentaire, même si cela va contre la tendance en marketing alimentaire où l'on veut plutôt lier l'aliment au terroir qu'à une usine de production très aseptisée.

Banques alimentaires

La récession se fait sentir

«Le printemps est toujours problématique pour nous. C'est l'après-guignolée», explique Richard Décarie, président des Banques alimentaires du Québec. Mais cette année, c'est pire que pire. La récession augmente la demande et réduit l'offre. Pour la première fois, les banques alimentaires lancent une grande campagne de dons printaniers, pour remplir les tablettes. Elles le font d'un océan à l'autre, avec l'aide des magasins de la bannière Loblaws qui deviennent des points de chute et de dons. Les gens seront-ils aussi généreux s'ils cherchent eux-mêmes à joindre les deux bouts? «Les gens sont toujours très généreux lorsqu'on les sollicite», rappelle Richard Décarie.

Dans les circonstances, les gens des banques voudraient bien obtenir en priorité des aliments et du lait pour nourrisson. Sur leur liste de choix se trouvent aussi des fruits et légumes en conserve, des céréales de grains complets et des jus de fruits et de légumes.

Érable

Changement de look pour le faux sirop

Le désormais fameux sirop biologique Bernard, fait de sirop de canne et de riz importés, changera de look, nous apprend l'hebdomadaire La terre de chez nous, grand spécialiste du monde agricole. L'entreprise beauceronne qui commercialise ce sirop intermédiaire, qui contient 5% de sirop d'érable biologique, aurait accepté de modifier l'aspect du produit qui ressemblait à s'y méprendre à la boîte de pur sirop d'érable traditionnel.