Le réseau des coopératives d'alimentation du Québec vient de lancer un nouveau logo, Saveurs d'ici. Il indique que l'aliment provient de moins de 100 km à la ronde ou qu'il y a été transformé. Il peut donc être ajouté au logo Aliments du Québec. Et à toutes les autres étiquettes, si l'aliment a des prétentions santé ou bio, par exemple.

«On n'a pas fini de voir de nouveaux logos, avertit Lyne Gagné, directrice générale d'aliments du Québec. Ce sont souvent de belles initiatives, mais je ne crois pas que l'on aide le consommateur en multipliant les logos. Ça finit par ne plus vouloir dire grand-chose et ça crée de la confusion.»

 

Une marmelade d'oranges du Brésil ou une tartinade de noix de Grenoble peuvent-elles être considérées comme ces produits d'ici si elles sont faites dans un rang de campagne? demande Lyne Gagné. Cela dépend des critères de l'organisme qui chapeaute le projet. «Il faudrait absolument harmoniser les définitions», dit-elle.

Saveurs d'ici a un objectif noble. Le groupe s'intéresse au concept du «kilométrage alimentaire». En Europe, certaines chaînes vont beaucoup plus loin en inscrivant, en grammes, la quantité totale de CO2 utilisé pour produire l'aliment, en tenant compte de la culture de tous les ingrédients et le transport jusqu'au supermarché. Un logo de plus à côté de celui qui indique que c'est bon pour le coeur et de cet autre qui précise que les produits marins qu'il contient sont issus de la pêche durable et sous la mention «sans gras trans».

«Cinq ou six logos différents sur un seul produit, ça devient franchement ridicule, tranche Gale West, professeur au département d'économie agroalimentaire et sciences de la consommation de l'Université Laval. Surtout que la majorité de ces logos ne sont que des allégations. Le consommateur ne peut pas vérifier leur authenticité et, en plus, on lui dit que ce sont des outils de marketing.»

La situation fait de plus en plus consensus dans le milieu: la multiplication des logos sur les aliments laisse les consommateurs confus. Le problème, explique Gale West, c'est que plusieurs de ces logos sont mis en doute publiquement. Souvent à raison, parfois à tort, dit-elle. Cela jette du discrédit sur l'ensemble et laisse au consommateur un doute pour chacun. «Plusieurs consommateurs décident finalement de n'en tenir aucun compte.»

C'est particulièrement vrai dans les cas où des industriels de l'alimentation s'inspirent grandement d'un logo reconnu, celui de la Fondation des maladies du coeur du Québec, par exemple, pour faire une petite étiquette maison. Arrivé à la maison avec sa boîte de céréales, le consommateur s'aperçoit du subterfuge et devient, avec raison, très sceptique.

Selon cette spécialiste, il ne faut être ni intimidé ni naïf devant cette logomanie. «Le consommateur doit seulement se poser les bonnes questions, dit-elle. Et faire les choix qui lui conviennent selon ses besoins et ses valeurs.»

Gastronomie

Le bio voit des étoiles

C'était le grand suspens dans le milieu gastronomique au début de la semaine, tout juste avant le dévoilement de la liste des établissements français étoilés par le célébrissime Guide Michelin, le centième.

Ce 100e guide contenait une première remarquée: Michelin honore le bio. Deux restaurants qui travaillent l'alimentation biologique ont été couronnés de trois étoiles. À L'Atelier de Jean-Luc Rabanel, à Arles, le chef achète des fruits et légumes de petits producteurs locaux et utilise aussi ceux qui poussent directement dans le jardin du restaurant. Deux étoiles bien dorées pour L'Atelier et une pour La Chassagnette, un autre restaurant bio d'Arles. C'est le resto où cuisinait Rabanel avant d'ouvrir sa propre adresse. Une étoile, donc, pour la Chassagnette, où le chef va aussi cueillir ses ingrédients dans le potager de la maison, qui compte 170 variétés de fruits, fleurs et légumes. Il y va tous les matins et c'est ce qui détermine plus ou moins ce qu'il y aura au menu ce jour-là. Pour l'instant, 80% des plats servis sont bio. Le chef vise 100%.

La 100e édition du Guide Michelin a été publiée jeudi. En France, 548 restaurants ont reçu au moins une étoile.

OGM

En Europe, ça reste chacun pour soi

La Commission européenne a subi un humiliant revers cette semaine dans le champ des cultures transgéniques. Faisant fi de sa recommandation, les ministres de l'environnement des États européens permettent aux pays qui veulent interdire des cultures OGM sur leur territoire de le faire. La Hongrie et l'Autriche ont mis le holà au maïs transgénique de Monsanto. La Commission voulait faire sauter le moratoire. L'idée a été rejetée, à 22 contre cinq. Seuls la Grande-Bretagne, l'Estonie, les Pays-Bas, la Suède et la Finlande étaient en faveur de la levée du moratoire imposé par les deux pays visés. Tous les autres pays, y compris ceux où l'on cultive le litigieux maïs, s'y sont opposés.

Sirop d'érable

Le Moyen-Orient a faim des produits canadiens

«Nous avons fait une tournée des épiceries pour nous rendre compte qu'il y avait beaucoup de produits américains», raconte Susan Powell, présidente de l'Association canadienne des exportateurs en alimentation, de retour d'une mission au Moyen-Orient. Conclusion: les industries alimentaires canadiennes ont tout intérêt à percer ce marché très affamé. Les pays arabes du golfe Persique importent environ 90% de leurs aliments. Pour l'instant, les producteurs canadiens leur proposent beaucoup de légumineuses. «Nous voulons leur présenter aussi des produits d'épicerie», explique Susan Powell. Une trentaine d'exportateurs étaient du voyage qui a fait halte en Arabie Saoudite, à Dubaï et aussi en Égypte. «L'alimentation s'y est beaucoup occidentalisée», estime Mme Powell, qui a noté un vif intérêt pour la charcuterie et le sirop d'érable. «C'était un premier contact très prometteur», confirme Jean-Marie Chouinard, de la coopérative de sirop d'érable Citadelle, qui faisait partie de la mission. Des pâtisseries à la semoule, à l'eau de rose et à la pistache sucrées au sirop d'érable? L'idée est plutôt appétissante!