Tous les étés, il y a une vague de chaleur. Et là, tout le monde dit qu'il fait chaud. Ça dure durant des jours et des jours. La canicule. Les nouvelles présentent des reportages sur l'importance de l'hydratation. On sue. On pue. On ne se peut plus. Ça occupe.

Tous les étés, il y a aussi une vague de pluie. Et là, tout le monde dit qu'il pleut. Ça dure durant des jours et des jours. Le déluge. Les nouvelles présentent des reportages sur les propriétaires de terrasse découragés. On peste. On rage. On n'en peut plus. Ça occupe.

Certains étés, il y a une vague de beau temps. Et tout le monde dit qu'il fait beau. Ça dure durant des jours et des jours. Le paradis. Les nouvelles présentent des reportages sur l'importance de mettre de la crème solaire. On rit. On tripe. On ne se peut plus. Ça occupe.

Certains étés, il y a une vague de temps frais. Et tout le monde dit qu'il ne fait pas chaud. La Sibérie. Ça dure durant des jours et des jours.

Cet été, pas de vague de chaleur. Pas de vague de pluie. Pas de vague de beau temps. Pas de vague de temps frais. On a tout ça, mais dans la même journée.

Le matin, il fait beau. Le midi, il fait chaud. L'après-midi, il pleut. Le soir, il fait frais. Parfois, c'est le matin qu'il pleut. Le midi qu'il fait frais. L'après-midi qu'il fait beau. Le soir qu'il fait chaud. Toutes les possibilités, on les a vécues.

C'est la vague du n'importe quoi. Quatre saisons dans le désordre, comme dirait Bélanger. Un buffet chinois de températures. Les météorologues ne peuvent pas se tromper.

Est-ce qu'il va faire beau, aujourd'hui ? Oui.

Est-ce qu'il va pleuvoir, aujourd'hui ? Oui.

Est-ce qu'il va faire chaud, aujourd'hui ? Oui.

Est-ce qu'il va faire frais, aujourd'hui ? Oui.

Regardez les piétons sur les trottoirs. Pas un ne semble dans le même film. Il y en a qui sont en Kanuk, d'autres en bedaine. Selon le moment où ils sont sortis de chez eux, les gens sont habillés pour des temps différents.

C'est l'été de la boîte de chocolats assortis. De tout pour tous les goûts, mais en petites bouchées.

Même chose côté actualité. Rien qui ne ressort du lot. Pas de grands drames. De grands scandales. De grands événements. De grands changements. Pas de Nice. De Laval. De Rio. De Brexit. Mais beaucoup de variété. En politique, une niaiserie de Trump, une photo de Justin, une menace de Poutine, un missile de Kim Jong-un, un rien de Couillard, un moins que rien de Lisée.

En sport, un peu d'Impact, un peu d'Alouettes, presque pas de Genie, toujours pas d'Expos, le champagne de la Formule 1 et le bouchon de la Formule E.

Quand on dit été 67, on pense à l'Expo. L'été 69, c'est l'homme sur la Lune. L'été 76, les Jeux olympiques. L'été 96, le déluge du Saguenay... L'été 2017, ce sera quoi ? L'été du 375e anniversaire de Montréal ? Bon, peut-être. Mais c'est plus l'été des 375 chantiers qu'autre chose. L'été du 150e anniversaire du Canada ? Ouais, peut-être. Bien qu'on sache déjà que le 151e sera plus tripant, parce que tous les Canadiens auront fumé leur joint.

L'été 2017, c'est l'été de tous les temps. Comme si la température suivait le rythme effréné des réseaux sociaux et passait d'un ciel à l'autre à la vitesse où on regarde les photos sur Instagram. En une seule journée, vous avez le climat de quatre pays.

Mercredi, en plus de faire beau, de pleuvoir, de faire chaud et de faire frais, il a même grêlé. Des balles de golf glacées tombées d'en haut. La totale. On ne peut se plaindre de rien parce qu'on a tout. Ceux qui haïssent la chaleur ont la moitié de la journée pour s'en remettre. Ceux qui haïssent la pluie ont la moitié de la journée pour faire le barbecue.

L'été est tellement mêlé que les gens n'attendent plus de savoir le temps qu'il fait pour faire quelque chose, eux aussi. Peu importe l'activité de la journée, on sait qu'il y aura un bout au soleil et l'autre sous la flotte. On n'espère plus avoir choisi la bonne journée, on espère avoir choisi la bonne heure.

Tout ça fait en sorte qu'on n'a jamais si peu parlé de la météo. On n'a pas fini de dire qu'il pleut encore que le soleil apparaît. On n'a pas fini de dire qu'il fait trop chaud que la brise nous fait frissonner. Alors on essaie de parler d'autre chose, mais on y revient toujours.

Parce que c'est l'été. Et que l'été, ça se passe dehors. Et que la manette pour contrôler ce qui se passe dehors, personne ne l'a. Ni les riches ni les tout nus.

Tous égaux face à la présence du soleil ?

Alors ce matin, comment c'est ?

À bientôt !