Fans du Canadien, je le sais, l'été a été dur. Autant que l'hiver, ce qui n'est pas peu dire. La saison n'est pas commencée que vous êtes déjà dans votre état dépressif, niveau cinq. Vous êtes reconnus pour être bipolaires, mais ça fait longtemps que vous n'avez pas atteint le pôle euphorique. Vous n'êtes que polaires. Polaires de bien aller. Je le sais, c'est pas drôle. Rien n'est drôle.

Vous pensiez prendre du mieux, durant l'été. Vous changer les idées. Vous remettre de l'année de misère. Suivre les Alouettes et vous dire que c'est possible d'être pire que le CH. Quand on se compare, on se console.

Ben non ! Ça faisait à peine une semaine que l'été était arrivé, qu'il a fallu que Marc Bergevin échange P.K. Subban ! Oui, votre P.K. ! Notre P.K. ! Le héros des enfants. Le seul joueur du Tricolore qui nous disait bonjour et merci dans notre langue, en ayant l'air content de le faire. Pas à la fin de l'entrevue, en se sauvant de Renaud Lavoie. Le seul joueur qui était heureux de vivre à Montréal. Qui ne partait pas dans le Sud, aussitôt la dernière défaite et le dernier chèque encaissés. Le seul joueur excitant à voir jouer dans un match plate contre Columbus. Le seul joueur qui réussissait à faire sourire même Paul Arcand.

Il est parti. Pourtant on ne voit que lui. Mais pas en tant que Canadien. En tant que Predator. Un cauchemar.

Vous pleurez chaque fois que vous l'apercevez dans un chandail de Nashville. Comme on pleure quand on voit les statuts Facebook de son ex avec son nouveau. Bien sûr, on a Weber. Y est grand, Weber. Y est bon, Weber. C'est un leader, Weber. Mais c'est pas P.K. !

Fans du Canadien, je suis vraiment inquiet de l'état de votre santé mentale. Normalement, quand arrive le tournoi de golf des Glorieux, vous oubliez les affres de la dernière saison et vous vous remettez à rêver. Si, si, si... Si Price réussit 82 blanchissages... Si Radulov compte 50 buts... Si Galchenyuk se couche tôt... Alors, peut-être, la Coupe Stanley ! Le défilé dans les rues de Montréal avec des cônes bleu-blanc-rouge ! Cette année, aucun enthousiasme. Aucune prédiction folle. Au contraire, vous vous morfondez avec des qu'en-dira-t-on.

Y paraît qu'à l'issue d'un match de golf, Michel Therrien aurait confié, à une dizaine de personnes attablées avec lui, que Max Pacioretty était le pire capitaine de l'histoire du Canadien. C'est le vétéran journaliste Michel Villeneuve qui a révélé ça. Ça lui a coûté sa job. C'est quand même étonnant. Habituellement, c'est le coach du Canadien qui perd sa job. Le journaliste, lui, obtient une promotion. Les temps changent. Où sont les humoristes pour défendre la liberté d'expression de Michel Villeneuve ? En train de jouer au golf, probablement.

De toute façon, arrêtez de vous morfondre avec cette histoire-là. Michel Therrien dit qu'il n'a jamais dit ça. Vous ne le croyez pas ? Pourtant, c'est pas un ministre libéral. Il mérite notre confiance. Mais c'est certain que si jamais il l'a dit, il ne peut pas dire qu'il l'a dit. À moins d'échanger Pacioretty.

Entre vous et moi, dire que Pacioretty est le pire capitaine de l'histoire du Canadien, ce n'est pas une très grosse insulte. Les capitaines du Canadien sont des légendes : Émile Bouchard, Maurice Richard, Jean Béliveau, Henri Richard, Yvan Cournoyer, Serge Savard, Bob Gainey... 

Être le pire de cette liste-là, ce n'est pas si pire que ça. C'est comme dire que Ringo était le pire des Beatles. C'est vrai, mais ça se prend bien de passer après John, Paul et George. Ce n'est pas trop dur pour l'ego.

Avouez que Pacioretty n'a pas l'étoffe des immortels mentionnés plus haut. Il n'a pas, non plus, prouvé qu'il avait la force de caractère des Carbonneau, Chelios, Muller, Damphousse, Koivu et Gionta. Bref, si Pacioretty n'est pas le pire, il n'est pas loin. Il n'a pas à rougir. Ce n'est pas lui qui est pas bon, c'est les anciens qui étaient trop bons. Bref, revenez-en !

Concentrez-vous sur ce qui va bien. Quoi ? Euh... Attendez, je vais trouver. Il y a UNE chose qui va bien : Carey Price est en forme. C'est la plus belle des nouvelles. C'est réjouissant de le voir aller durant la Coupe du monde. Vous me direz qu'il a devant lui la meilleure équipe jamais réunie. Vrai. Qu'il n'enchaînera pas les victoires de cette façon, quand Doughty sera remplacé par Barberio et que Crosby sera remplacé par Andrigettho. Vrai aussi. Mais une saison avec Carey ne peut pas être pire qu'une saison sans Carey. Ça, c'est certain.

Les matchs préparatoires débutent lundi, il est temps de retrouver votre superbe. De remettre votre chandail du CH. Je le sais qu'il y a un 76 dans le dos, mais ce n'est pas grave. Vous ne voyez pas votre dos. C'est derrière vous. Comme l'échange maudit. Suffit de barrer le 7 du 76, et ça devient le chandail numéro 6. Le chandail de Weber. Le tour est joué.

Allez, retrouvez le sourire. Pour oublier les horreurs du monde, les scandales du Parti libéral, les chicanes du PQ, les travaux routiers et la bêtise humaine, le Canadien demeure la meilleure distraction. Encore faut-il ne pas prendre ça trop au sérieux. C'est juste un jeu. Et pour être distrayant, il est distrayant.

Pour sortir de votre dépression, cessez de regarder des photos de P.K., trouvez-vous une autre idole. Un autre joueur flamboyant. Pis si y en a pas, ben, y a toujours Youppi ! Pensez aux gens de Québec, ils prendraient notre club n'importe quand.

C'est souvent quand on ne s'attend à rien que le meilleur survient. Et pour ne s'attendre à rien, cette saison, on ne s'attend à rien. Alors, on ne sait jamais.

Bon CH ! J'espère que ma chronique vous a fait du bien. Je sens le désir remonter en vous. Vous avez soudainement envie de faire la vague. Lâchez-vous ! Na-na-na-na...