L'enfant demande à son parent : « Est-ce que je peux avoir un chien ? » Et le parent répond : « Oui, si tu t'en occupes. » L'enfant s'en occupe durant une semaine. Et après, c'est le parent qui s'en occupe durant 15 ans. C'est correct. L'important, c'est que quelqu'un s'en occupe.

Personne ne devrait avoir un chien s'il n'a pas le temps de s'en occuper. Et s'en occuper, ce n'est pas seulement remplir le bol de pitou et aller marcher avec lui pour qu'il fasse ses petits besoins. S'occuper de son chien, c'est en être responsable. Être responsable de son bien-être et être responsable du bien-être des gens qui l'entourent.

Parce que lorsque quelqu'un décide d'avoir un chien en ville, c'est tout le voisinage qui soudainement a un chien. Tous ceux qui l'entendent japper à longueur de journée. Tous ceux qui le croisent et se font renifler le paquet.

Le chien est l'animal domestique qui fait le plus sentir sa présence. Un chat, dehors, se fout totalement des humains. Il ne peut pas nous taper sur les nerfs, parce que c'est nous qui lui tapons sur les nerfs, alors il nous fuit. Tandis qu'un chien, dehors, prend autant de place que son maître. Et si son maître agit en con, il agit en con aussi. Et si son maître le laisse vous grimper dessus, il vous grimpera dessus. « Excusez, il est très affectueux. » De l'affection non demandée, ça s'appelle une agression.

Dans un monde idéal, tous les chiens auraient les maîtres qu'ils méritent. Parce que ça peut être génial, un chien bien aimé. Doux, fidèle, protecteur, aidant. C'est le compagnon du quotidien. L'ami qui ne vous abandonnera jamais. Wouf ! Wouf ! Une caresse sur le museau. Et il s'endort. Bon chien !

Le problème, c'est que tous les chiens ne sont pas bons, parce que tous les maîtres ne le sont pas, non plus. 

Sur une pancarte « Attention, chien méchant », ça devrait être écrit « Attention ! Chien et maître méchants ! ». Parce que l'un ne va pas sans l'autre. Parfois, le maître n'est pas totalement méchant, il est juste irresponsable ou inconscient.

Avoir un chien, c'est avoir un animal fort. Plus qu'une perruche ou un hamster. Et il y a des chiens plus forts que d'autres. Et il y a des chiens tout simplement trop forts. Trop forts pour les humains.

Ce qui est arrivé à Montréal, cette semaine, est effroyable. Par une journée d'été, un chien a vraisemblablement tué une dame. En quelques minutes. Les témoins n'ont rien pu faire. Les ambulanciers n'ont rien pu faire. Parce que le chien était trop fort. Pour être plus fort que lui, ça prenait un fusil. Les policiers l'ont abattu pour pouvoir s'approcher de la victime. Il était trop tard. Quelle fin atroce.

Le premier devoir des dirigeants, c'est de protéger les citoyens. Il faut prendre les moyens pour qu'un tel incident ne se reproduise pas.

Je suis certain qu'il y a des pitbulls gentils. Des pitbulls dociles qui apportent leurs pantoufles à leurs maîtres. Mais il faut se rendre à l'évidence, le pitbull est doté d'une force trop puissante pour qu'il cohabite avec les citadins. On ne peut surtout pas se fier à leurs maîtres, ça fait longtemps que l'on sait que les humains sont les derniers animaux à qui l'on peut se fier.

C'est beau un ours. Ça dort tout le temps. Mais on n'a pas d'ours dans nos maisons, parce que ça peut vous déchiqueter en un coup de patte. Dans le règne animal, c'est la loi du plus fort. Et qu'on le veuille ou non, le pitbull est plus fort que nous. Ça fait de lui une menace. Une menace dont personne n'a besoin. Surtout pas quand on se promène à côté de chez nous, en après-midi. Il faut se méfier de tant de choses, ici-bas, peut-on, au moins, ne pas avoir à craindre le pitou du voisin ?

Une peur, ça se soigne, quand c'est déraisonnable. Avoir peur d'un pitbull agressif n'est pas déraisonnable. Au contraire. C'est donc la cause qu'il faut traiter.

Le pitbull n'est sûrement pas le seul chien dont la morphologie et l'agressivité font de lui une bête pouvant commettre les pires sévices. Il faut faire le tour de la question. Que ce problème soit pris au sérieux. Que l'État adopte des règlements diminuant cet horrible danger.

Et pour une fois, que les lobbys pensent à l'intérêt de tous. Ce n'est pas ne pas aimer les chiens que de vouloir empêcher qu'un drame cruel se reproduise. Aimer les animaux, c'est aimer les humains, aussi. Aimer les animaux, c'est vouloir qu'aucun d'eux ne souffre.

Tous les chiens n'ont pas le même profil de sociabilité. Il y a des endroits pour chaque type d'animal. Si votre enfant veut un poisson, vaut mieux lui donner un poisson-clown qu'un requin. Ça mérite de vivre aussi, un requin. Mais plus loin.

Tout est une question de dangerosité et de proximité. Les animaux capables de tuer, peut-on les éloigner ?

Je sais ce que vous pensez. Il y en a un avec lequel on n'a pas le choix de vivre. Parce que c'est nous. Mais ça, c'est un autre débat...